L'accumulation d'énormes réserves de changes, qui viennent d'atteindre 90 milliards de dollars US suite à la flambée des cours du pétrole, a permis à l'Algérie de se désendetter et d'opter pour une politique volontariste d'investissements publics pour moderniser les infrastructures. Lors des auditions du président Bouteflika consacrées à divers secteurs d'activités, il en ressort l'immensité des chantiers engagés ou en voie de l'être. De grands projets structurants, notamment dans le secteur des transports et dont l'autoroute Est-Ouest en constitue l'épine dorsale. Cependant, le manque de maturation de certains projets et l'évolution de leurs coûts d'année en année risque, de l'avis de bon nombre d'analystes, de doper les réseaux de corruption qui gangrènent les administrations publiques. Chiffré au départ à 60 milliards de dollars sur cinq ans, le volume des investissements publics dépasse aujourd'hui les 144 milliards de dollars. Et en attendant l'heure des bilans, et voir si la qualité suit la quantité, laissons parler les chiffres officiels sur certains secteurs. Secteur des transports Un effort exceptionnel a été consenti sur la période 2005-2009 pour permettre le lancement de grands projets de transport, notamment dans le domaine ferroviaire. Selon les données officielles du ministères des transports, ce secteur a bénéficié d'une enveloppe budgétaire de 1688 milliards de DA à laquelle s'ajoutent les crédits alloués aux programmes du Sud et des Hauts Plateaux. Le programme du secteur ferroviaire a donné ainsi la priorité à la modernisation de la Rocade Est/Ouest liant Annaba et Oran, l'achèvement des lignes pénétrantes vers l'intérieur du pays et au lancement des études nécessaires aux travaux de réalisation de la Rocade des Hauts plateaux et de la Boucle du Sud. Le programme prévoit le renouvellement des équipements de traction et de transport de voyageurs nécessaires à l'amélioration de la qualité des prestations de service. La Banlieue d'Alger a bénéficié d'un aménagement, et dont les travaux d'électrification, assure t-on, enregistrent un taux d'avancement de 75%. D'autre part, la SNTF a conclu plusieurs contrats d'acquisition d'équipements, dont 64 rames automotrices destinées au trafic de la Banlieue algéroise, 17 autorails Diesel dont la livraison des premières rames est attendue pour septembre 2007 et 30 locomotives Diesel électriques livrables avant décembre 2007, ainsi que 20 locomotives électriques et 20 automotrices électriques dont le cahier des charges pour leur acquisition est en cours d'harmonisation avec le programme d'électrification de la Rocade Nord. Au plan des réalisations de voie, il a été relevé que 530 kilomètres de voies seront réceptionnées 2007, dont 280 kilomètres ont déjà été mis en exploitation. Pour sa part, l'année 2008 connaîtra l'achèvement de 1048 kilomètres de lignes supplémentaires qui viendront renforcer le réseau ferroviaire national. Avec la livraison de 131 kilomètres supplémentaires en 2009, il aura été réalisé et modernisé durant la période quinquennale (2005-2009), 1707 kilomètres de voie, ce qui équivaut, souligne t-on, à près de 50% du réseau existant. Cet effort de modernisation et d'extension du réseau sera poursuivi, puisque indique t-on, près de 2250 kilomètres de voies supplémentaires sont déjà engagées, soit en réalisation, soit en études. Projet du Métro d'Alger Vieux de plusieurs décennies, ce projet a été relancé et la mise en service commercial de ce mode de transport est prévue pour le 4ème trimestre 2008, selon le gouvernement. La gestion de la première ligne (Haï El Badr - La Grande Poste) a été confiée à une entreprise étrangère spécialisée dans le cadre d'un contrat de management de 8 années. Les projets de Tramway ne sont pas en reste. Trois projets de réalisation de tramways ont été en effet engagés pour les villes d'Alger, Oran et Constantine, alors que des études de faisabilité de 5 autres tramways sont en cours pour les villes de Sétif, Sidi Bel Abbès, Annaba, Ouargla et Mostaganem. Les travaux des trois premiers projets " avancent selon le planning annoncé " , assure-t-on du côté du ministère des transports et les tracés, études d'exécution et les déviations des réseaux sont sur le point d'être terminés et seront suivis par les travaux d'installation des équipements dont l'achèvement est prévu pour janvier 2009 pour Alger et décembre 2009 pour Constantine et Oran. Par ailleurs, le programme quinquennal porte à la fois sur la réhabilitation des téléphériques dont l'exploitation a été interrompue pour vétusté et la construction de nouveaux équipements sur d'autres itinéraires dont le relief justifie ce mode de transport. La ville d'Oran a connu la première la mise en service dernièrement (le 25 juillet 2007) de son téléphérique réhabilité. Les autres villes concernées (Alger, Annaba et Blida) vont connaître l'achèvement des travaux engagés sur leurs Téléphériques " sous peu ". A l'exception des Téléphériques d'El Biar et d'El Madania dont le démarrage des travaux a été différé en raison " des difficultés d'insertion dans le tissu urbain ", les travaux des nouveaux projets (3 à Alger, 1 à Constantine, et 1 à Annaba) ont démarré au début de cette année. Ces projets seront livrés assure t-on en mars à décembre 2008. Au demeurant, dans le cadre de la modernisation des transports urbain, il a été décidé la création d'entreprises publiques de transport urbain. En plus de la réhabilitation de l'Entreprise de Transport Urbain et Suburbain du Grand Alger (ETUSA) et de la dotation des villes d'Oran, Annaba et Constantine d'Entreprises Pilotes de Transport Public Urbain, le programme quinquennal comprend également la création de 10 nouvelles entreprises dans les chefs-lieux de wilayas de Batna, Blida, Tébessa, Tlemcen, Tiaret, Tizi-Ouzou, Djelfa, Sétif, Skikda et M'sila. D'autres part, le programme prévoit aussi de doter 35 chefs-lieux de wilaya de gares routières répondant aux normes " de confort et de sécurité et capables d'assurer des prestations de service de qualité ". Dans le Secteur maritime et portuaire, le programme quinquennal prévoit un certain nombre de mesures dont l'élaboration d'un Schéma Directeur de développement portuaire et la réorganisation du transport public maritime de marchandises (CNAN), ainsi que la réalisation d'un système intégré de contrôle maritime (VTMIS, COSS). Pour l'Aviation civile, le programme comprend entre autres l'amélioration des conditions de traitement des passagers par la réalisation de 11 nouvelles aérogares. Travaux publics Le secteur des travaux publics dont les résultats globaux enregistrés traduisent une évolution substantielle du taux de croissance (7,1% en 2005 et 7,8% en 2006) a mis en œuvre un programme sectoriel qui a déjà contribué, selon le ministère de tutelle , à la création de plus d'un demi million d'emplois, ainsi qu'au désenclavement et à l'amélioration des accès à une population estimée à 5.890.000 habitants. En matière de réalisation , le bilan du secteur indique la livraison en 2007 de 8.032 km de routes au titre d'action de développement, 10.000 km de routes au titre d'actions d'entretien, 290 ouvrages d'art et 176 maisons cantonnières. En matière de travaux d'infrastructures routières, il a été engagé la réalisation de travaux sur un linéaire total de 60.692 km réparti comme entre : 16.000 km de routes en réhabilitation, renforcement et modernisation, 1.690 km de routes en création neuve, 1.725 km de routes de désenclavement, 41.277 km de routes en matière d'entretien, 500 ouvrages d'art en construction ou en confortement. Cette année a connu par ailleurs le démarrage effectif des travaux sur 927 km du méga projet de l'Autoroute Est-Ouest dont le linéaire total est de 1.216 km. Ce grand chantier connaît actuellement un avancement satisfaisant , selon les pouvoirs publics et ce, conformément aux plannings arrêtés et qui s'est traduit par la libération totale de l'emprise sur un linéaire de 886 km et l'ouverture du couloir sur un linéaire de 727 km. Comme il est indiqué la poursuite des travaux du projet de la deuxième rocade autoroutière d'Alger, dont la livraison est prévue pour le mois de juillet 2008. Cet axe d'un linéaire total de 70 km reliera la ville de Zéralda à l'Ouest d'Alger à la ville de Boudouaou à l'Est. 15 échangeurs sont prévus, ainsi que 70 ouvrages d'art. S'agissant des projets d'aménagements dans les grands centres urbains, le programme déjà engagé par le secteur a connu des réalisations en matière de trémies, d'évitements, de rocades et de grands ouvrages d'art. En sus d'un premier programme de 35 ouvrages souterrains (trémies) déjà réceptionnés, tous les ouvrages inscrits au programme quinquennal 2005/2009 ont été lancés, assure-t-on. Habitat et urbanisme De l'évaluation effectuée par les pouvoirs publics , il ressort que le programme quinquennal de logements financés ou aidés par l'Etat, qui était initialement, fixé à 1.034.500 logements, est passé à 1.251.000 logements, du fait des programmes complémentaires qui ont été ajoutés au profit des wilayas du sud (62.000 logements), des wilayas des hauts plateaux (97.800), de la résorption progressive de l'habitat précaire (29.500) ainsi que divers programmes spécifiques (logements de fonction, d'astreinte, remplacements des chalets à Chlef, Ain-Defla...) de 27.200 logements. Par ailleurs, il prévu à propos de l'habitat précaire, l'inscription de tranches complémentaires au bénéfice de cette opération, avec 40.500 logements au titre de la loi de finances complémentaire pour 2008. Les résultats enregistrés au 30 juin 2007, font état d'un lancement global de quelque 890.000 logements. Les programmes qui restent à lancer tous segments confondus sont de 361.000 logements, par rapport au portefeuille global, incluant les programmes complémentaires inscrits postérieurement à la tranche initiale.Le montant du budget dégagé par l'Etat pour financer les programmes de logements, et les aides directes y afférentes, s'élève à 850 milliards de dinars, dont 450 milliards de dinars destinés au financement du logement social locatif et 400 milliards de dinars au financement des aides, au bénéfice des catégories à revenus moyens. Concernant le volet urbanisme, il a été décidé quelques 750 études de révision des Plans Directeurs d'Aménagement Urbain (PDAU) dont 564 études sont lancées. A propos d'équipements publics, le portefeuille des projets ,dont le secteur assure la mission de maître d'ouvrage délégué pour le compte des autres secteurs , est de 3.000 projets. L'enveloppe financière allouée à ces projets qui totalise près de 500 milliards de DA, avoisine la moitié des budgets cumulés affectés aux programmes d'habitat et d'urbanisme, qui dépassent, pour leur part, 1.000 milliards DA sur cinq (05) ans. Ressources en eaux Le programme de développement infrastructurel du secteur des ressources en eau mobilise un volume financier de 1422,4 milliards de DA. En matière de mobilisation des ressources en eau, il a été signalé que deux barrages, Oued Athmania, dans la wilaya de Mila, et Tichy Haf, dans la wilaya de Bejaia, ont été réceptionnés durant l'année 2007. Au total, et avec les 13 nouveaux barrages en cours de réalisation (Koudiat Acerdoune dans la wilaya de Bouira, Bougous dans la wilaya de Tarf, Douéra dans la wilaya d'Alger, Prise Chellif et Kerrada dans la wilaya de Mostaganem, Boussiaba et Kissir dans la wilaya de Jijel, Ourkis dans la wilaya de Oum el Bouaghi, Safsaf dans la wilaya de Tébessa, Kaf eddir dans la wilaya de Tipaza, Tabellout dans la wilaya de Béjaia, Drâa diss et Mahouane dans la wilaya de Sétif), les capacités de mobilisation des eaux superficielles seront portées à 69 barrages avec 26 grands transferts. Ce qui fera passer indique t-on, la capacité totale de mobilisation des eaux superficielles de 5,2 à 7,4 milliards de m3. S'agissant des 26 grands transferts, il est question notamment du système Béni Haroun vers les wilayas de Mila, Constantine, Khenchela, Oum El Bouaghi et Batna (430 millions de m3/an), récemment réceptionné, le système Taksebt vers les wilayas de Tizi-Ouzou, Boumerdes et Alger (180 millions de m3/an), qui sera livré en janvier 2008 et le système Koudiat Acerdoune vers les wilayas de Bouira, Tizi ouzou, M'sila et Médéa, d'une capacité de 650 millions de m3, qui avait connu des problèmes auparavant, et qui sera mis en eau en mars 2008. Il y a lieu de citer en outre : le système Mostaganem-Arzew-Oran (M.A.O) vers les wilayas de Mostaganem et Oran (155 millions de m3/an), qui sera mis en service à la fin de l'année 2008, les barrages Erraguène, Tabellout et Drâa Diss vers les wilaya de Sétif (119 millions de m3/an) et dont les travaux viennent d'être lancés, ceux d' Ighil Emmda et Mehouane vers la wilaya de Sétif (119 millions de m3/an), le transfert Sud-Hauts Plateaux qui concerne la nappe albienne vers les wilayas de Djelfa, Tiaret, M'sila, Biskra, Batna, Saida et Médéa, ainsi que le transfert Sud-Sud qui concerne la nappe albienne In Salah vers Tamanrasset sur une distance de 740 Km, et dont les travaux ont débuté. D'autre part, le programme de dessalement d'eau de mer (production de 2,26 millions de m3/jour) qui comprend la réalisation de 13 stations et de leurs aménagements en aval, a été lancé. Les 13 stations sont localisées dans les wilayas d' Oran, Alger (Hamma), Ain-Temouchent (Sidi Djelloul), Tlemcen (deux dont une à Honaine), Mostaganem, Tipaza, Skikda, Chlef, Tipaza, Boumerdès et Tarf. D'autres opérations de réalisations d'adductions à partir de barrages pour le renforcement de l'alimentation de l'eau potable des villes, réalisations de stations d'épuration et autres sont également prévues. Dans le domaine de l'hydraulique quelques 25.943 ha et 45 retenues collinaires (sur les 293 en cours de réalisation ou de réhabilitation) seront livrés à l'exploitation en 2009 pour porter la superficie en grands périmètres à 219.400 ha avec la création de 240.000 emplois agricoles. Energie Le programme d'investissement publics dans le seteur de l'énergie prévoit notamment des projets d'électrification, consistant en la pose de 17.479 km de réseau moyenne tension et basse tension (MTBT), le raccordement de 337.250 foyers, 8 centrales diesel et 16 villages solaires. Le coût global de ces projets est de 45,3 milliards de DA. Pour la distribution de gaz, il est question de la pose de 9.700 Km de réseau de transport, 23.905 Km de réseaux de distribution, 4 stations de propane et le raccordement de près de 1.207.300 foyers. Le coût global de ce programme s'élève à 295,2 milliards de DA, dont 255,5 milliards DA seront supportés par l'Etat. En 2006, le taux d'électrification a atteint le seuil de 97% qui constitue un taux limite réaliste difficile à dépasser en raison du caractère épars du reste des localités situées en zones inaccessibles, selon le gouvernement. Le taux de pénétration du gaz a atteint 38%, presque 1/3 de la population bénéficie des deux sources d'énergie, l'électricité et le gaz naturel. Dans les trois années à venir, il est prévu de doubler l'effort actuel, pour atteindre un taux de pénétration de 57% et faire bénéficier les 2/3 de la population du gaz naturel. En termes de réalisations confiées à Sonelgaz, il a été signalé que 18 villages isolés du sud sont alimentés par le solaire photovoltaïque. Par ailleurs, il a été indiqué qu'en matière de projets structurants de la branche Energie, qu' afin de satisfaire les besoins en énergie des programmes de développement (autoroute Est-Ouest, réseau SNTF, dessalement d'eau de mer, transfert d'eaux, logements), l'adaptation des réseaux énergétiques porte sur la réalisation à fin 2009, de quatre grands projets pour un montant global de 133 milliards de DA. En matière de développement des énergies nouvelles, il a été relevé que 18 villages du grand sud ont bénéficié de l'électrification au solaire dans le cadre du programme national d'électrification 95/99, alors qu'une deuxième opération sera réalisée au titre du programme de soutien à la croissance 2005/2009 et concernera l'électrification de 16 villages dans les wilayas des Hauts Plateaux et du Sud du pays. De même qu'il est prévu le lancement de certains projets prévus par le " programme indicatif de développement des infrastructures de la production d'électricité " qui vise à porter la part des énergies renouvelables dans le bilan de production électrique nationale à 5% à l'horizon 2015. Concernant la promotion du gaz naturel carburant (GNC), le programme national se décline en deux étapes. La première porte sur la période 2007-2011 pour un montant de 2,7 milliards de DA et concernera l'acquisition de 175 bus par les entreprises publiques de transport urbain, la réalisation de 40 stations de distribution et leur raccordement au gaz naturel. Le second programme , concerne quant à lui, la période 2012-2025, pour un montant de 20,3 milliards de dinars et portera sur la réalisation de 112 stations services et l'acquisition de 500 bus dédiés au gaz naturel carburant.