« Grand olivier, Arbre de la paix, Toi qui fus témoin de mes yeux, Toi qui vis naître et grandir mon village Parle-moi Pourquoi remuer ce feuillage ? Qu'as-tu ? Réponds-moi. » Ces vers sont de Samih El-Kacem, le poète palestinien qui a toujours refusé de quitter son pays natal. II a choisi la résistance. Toute sa poésie est marquée par l'expérience de la Résistance, placée sous le signe de cet « Honneur des poètes » qui est l'emblème durable de la poésie en lutte. « Grand olivier, Un jour viendra-t-il Où tu sera sacré, vénéré plus qu'aujourd'hui ? Nous offrirons, alors, aux amis, Tes feuilles. Nous vous agenouillerons à tes pieds, Brûlerons de l'encens pour toi. Tu couvriras Villes Villages Campagnes Nous serons heureux, La guerre aura disparu. » Les 21 recueils que Samih El-Kacem a publiés sont tous animés de la volonté de rendre la poésie mobilisatrice, de lui reconnaître une mission politique et militante, de la plier à dire « la raison et les raisons » du combat des Palestiniens. Cette orientation n'empêche nullement la poésie de Samih El-Kacem de rester elle-même. Le langage de l'action et de l'espoir, loin d'exclure le sens de la solidité de l'objet, l'observation des choses réelles, le goût des images de la terre, s'en nourrit et s'en fortifie. « II s'appelait juste ! II était venu un matin de juillet, Les chiens aboyaient, II faisait encore nuit, Le village s'était réveillé sans bruit, L'armée nous cernait, Chacun retenait son souffle Chacun attendait les coups aux portes, Et... l'on commença. Le soleil pointait à l'horizon, Nous sortîmes pour combattre l'oppresseur ! » L'oppresseur, l'ennemi s'est trompé. Son scalpel trop lourd n'a pu bien disséquer les corps des Palestiniens pour mettre au jour les fines veines de leur combativité, la vraie, celle que Samih El-Kacem compare à l'olivier séculaire qui « couvrira, un jour, villes, villages et campagnes ». Et plus séculaire que l'olivier est... la poésie de Samih El-Kacem. Samih El-Kacem a publié une vingtaine de recueils de poèmes (à Beyrouth surtout), et quelques essais et « brûlots ».