A la lumière d'un certain nombre d'indicateurs objectifs, l'année 2004 semble avoir sonné le glas d'une partie du trafic ferroviaire assurant la desserte de la banlieue de Constantine. A commencer, selon les propres dires du directeur régional de la SNTF pour la zone de Constantine, par la suspension probable de la ligne Sud qui assure la navette entre la gare centrale du chef-lieu de wilaya et celle d'El Khroub en passant par les haltes marquées au niveau du Chalet des pins, SMK et Oued Hamimine. « La seule alternative qui s'offre à nous pour sauver cette ligne, souligne notre interlocuteur, c'est la signature de la convention engagée depuis une année avec l'institution des œuvres universitaires et qui nous permettra de rentabiliser cette ligne qui est boudée par les voyageurs. Pour l'heure, nous assurons trois navettes quotidiennes : 6h15, 8h10 et 15h15 à partir de la gare centrale de Constantine. » Du point de vue du responsable de la SNTF, l'absence de quais permettant une halte sécurisée au niveau des agglomérations de Sissaoui et Gammas serait à l'origine de la désaffection, sur cette ligne, des voyageurs qui préfèrent, selon toute vraisemblance, accorder leur préférence aux autres moyens de transport existant, le bus et le taxi, alors même qu'une rame, composée en moyenne de 8 à 10 voitures ou wagons, peut transporter en un seul voyage de 1700 à 2400 voyageurs. Il évoquera, à ce propos, le financement par la wilaya de Constantine d'un projet d'aménagement d'un quai devant assurer une halte au niveau de la localité de Gammas. Une réalisation qui ne résoudra pas le problème pour autant, sachant que le nœud se situe ailleurs, au niveau du seul critère de rentabilité, si l'on en croit les propos du responsable de ce secteur. Et que seule une convention signée avec l'Office des œuvres universitaires réglerait le problème avec l'assurance du prestataire de services d'assurer aux étudiant résidants à El Khroub et sur tout le parcours de cette ligne tombée en disgrâce, un roulement nickel, sans retard ni annulation, etc. Par contre, de l'avis d'ex-usagers de cette ligne et de quelques roulants et autres hommes du rail habitués à « crapahuter » sur les lignes de la SNTF, le problème est loin d'être aussi édulcoré. « C'est la vétusté des locomotives, datant pour la plupart des années 1970, qui est en cause du fait qu'elles tombent régulièrement en panne », affirment-ils. Et, de cause à effet, c'est toute la programmation des navettes qui serait ainsi chamboulée, entraînant un tas de désagréments aux usagers qui auraient préféré, à la longue, se tourner vers un mode de transport plus astreignant mais moins sujet aux humeurs de la machine. Les mauvaises langues, et elles sont nombreuses, affirment que, dans tous les cas de figure où une machine assurant le transport d'un train de marchandise tombe en panne, on affecte d'office une locomotive affectée au départ au transport des voyageurs. Une opération qui serait effectuée, d'après cette source d'information, au nom de la sacro-sainte notion de rentabilité, sachant qu'un train de marchandises rapporte à la SNTF un pactole mille fois supérieur à celui d'un train de banlieue dont la notion de service public semble aujourd'hui reléguée au second plan après celle de la rentabilité à tout prix. « Et c'est là, affirme un représentant des roulants, que se situe l'essentiel du problème. Affirmer le contraire, c'est de la pure démagogie. » S'appuyant sur un bilan qu'il juge positif à bien des égards, notamment l'indice élevé de fréquentation de la ligne assurant le transport des voyageurs vers la banlieue Nord de Constantine, à savoir Constantine, Hamma Bouziane, Didouche Mourad, Zighoud Youcef et Aïn Bouziane, le directeur régional de la SNTF estime, pour sa part, que les critères de rentabilité prônés par l'entreprise du rail ne vont pas jusqu'à une telle extrémité. Au jour d'aujourd'hui, ce qui est par contre le reflet de la stricte vérité, au-delà des clivages, c'est la situation d'indigence qui caractérise la desserte par le rail de la banlieue de Constantine. Que le Nord soit mieux loti que le Sud n'explique pas un certain nombre d'équations qui restent à résoudre, afin que l'usager ne soit plus l'otage d'un constat de carence.