Dans le temps, il y avait une tradition qui concernait quasiment tous les Algériens : le rituel de la cuisson des gâteaux durant toute la semaine précédant l'Aïd chez les boulangers du quartier. On voyait alors une multitude d'enfants faisant la « navette » entre la maison et la « koucha » du boulanger transportant sur leurs frêles épaules des plateaux entiers de gâteaux traditionnels. « Au 27e jour du Ramadhan, on s'arrêtait de préparer les sacro-saints qalbellouz, qtaïf et autres spécialités ramadhanesques pour nous consacrer exclusivement à la pâtisserie et aux gâteaux de l'Aïd », nous dit le patron d'une boulangerie pâtisserie de la rue Didouche Mourad. « Nous étions très sollicités par les ménagères pour la cuisson des gâteaux-maison. De nos jours, les gens préfèrent les préparer chez eux ou carrément les commander. » Débordés par le va-et-vient incessant des clients, il arrive parfois qu'une fournée de gâteaux soit oubliée au four. « Lorsqu'un plateau de baqlaoua brûlait, il fallait immédiatement le rembourser, poursuit notre interlocuteur, vu le prix des amandes, la note est par conséquent bien salée. » A la rue Réda Houhou, (ex-Clauzel), une boulangerie consacre ses matinées à la cuisson des gâteaux de l'Aïd rapportés par ses clients. « Cela coûte entre 30 DA et 150 DA le plateau moyen », nous dit-il. Quant aux gâteaux de l'Aïd, ils semblent obéir eux aussi à un phénomène de mode, puisque d'après notre interlocuteur, de moins en moins de ménages préparent les halwat tabaâ, halwat lambout, ghribia, samsa ou kaâk. Les Algériens innovent et les nouvelles spécialités en matière de pâtisserie s'appellent les cravates, les slilete et les b'niouen. On n'arrête pas le progrès !