Les prix du pétrole ont atteint hier de nouveaux records à Londres et à New York, sur un marché où les stocks dégringolent, où les tensions géopolitiques sont vives et où la faiblesse du dollar américain renforce encore la demande pétrolière. A New York, le light sweet crude s'est hissé hier au prix jamais vu de 92,22 dollars. Le brent de la mer du Nord frôle le seuil des 90 dollars. Hier, il a grimpé jusqu'au prix record de 89,30 dollars. En un mois, les prix du pétrole ont pris plus de dix dollars aussi bien à Londres qu'à New York. Sur un an, l'escalade est vertigineuse : le pétrole a pris environ 30 dollars, soit une hausse de 50% environ. Les spécialistes expliquent cette hausse vertigineuse par le fait que « les stocks américains sont en baisse, les sanctions américaines contre l'Iran et un avertissement de la Turquie prête à prendre d'autres mesures contre le PKK ». Aussi, le marché international s'inquiète de la décrue des stocks européens et américains de pétrole. Le rapport du département américain de l'énergie (DoE) a conforté cette vision mercredi dernier : les stocks de brut américains ont reculé de 5,3 millions de barils (Mb) la semaine dernière et sont de 5,9% inférieurs à leur niveau de l'année dernière. Quant aux réserves de produits distillés, elles sont en baisse de 7,6% sur un an. Un regain de tension géopolitique s'est ajouté à ce contexte où le moindre baril compte. Pour les analystes, la question est : « Le baril va-t-il atteindre la barre fatidique des 100 dollars, tant redoutée par les consommateurs et les automobilistes, mais quand va-t-il la franchir ? » Il est à noter également qu'au Nigeria, premier producteur africain de brut, une situation de recrudescence de violence est enregistrée. Une plateforme pétrolière offshore de la compagnie italienne Agip (groupe ENI) a été attaquée dans la nuit de jeudi dernier par des hommes armés dans le sud du pays. Dernier facteur haussier, la baisse continue du dollar s'est accélérée au cours des dernières semaines. Vendredi, sa valeur n'avait jamais été aussi basse face à l'euro, à 1,4375 dollar pour un euro. Comme le prix du baril est libellé en dollars, il revient moins cher aux investisseurs hors zone dollar, ce qui stimule la demande d'or noir. « Le baril est passé très rapidement de 80 à 90 dollars », rappelle Mike Wittner, analyste à Société Générale. A ce rythme-là, ajoute-t-il, la barre des 100 dollars pourrait être franchie rapidement. Rappelons enfin que lors d'une réunion à Vienne, le 11 septembre dernier, les représentants des Etats-membres de l'Opep se sont accordés pour relever de 500 000 bj leur production à compter du 1er novembre afin d'apaiser les tensions sur le marché. Cependant, des déclarations de responsables de l'Opep ont laissé entrevoir qu'il n'y aurait aucune hausse de la production. « Les cours élevés ne proviennent pas d'une insuffisance de la production », avait affirmé le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil.