Le pétrole a frôlé le seuil des 121 dollars mardi matin à New York, se hissant jusqu'au prix record de 120,93 dollars, le marché révisant à la hausse les attentes de consommation énergétique aux Etats-Unis. Le prix du baril de pétrole a dépassé pour la première fois le seuil des 120 dollars lundi à New York. Le baril de “light sweet crude” est monté à 120,36 dollars vers 17H20 GMT sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), un niveau inédit depuis le début de la cotation du brut en 1983 à New York. Il s'est ensuite replié pour terminer la séance officielle à 119,97 dollars, ce qui constitue un gain de 3,65 dollars par rapport à son cours de clôture de vendredi. A Londres, où s'échange une qualité de pétrole plus lourde et plus soufrée et donc moins chère, un nouveau record a également été enregistré, le baril de Brent de la mer du Nord se hissant à 118,58 dollars. En fin de séance, il valait encore 117,99 dollars, un plus haut en clôture. Il a ainsi empoché 3,43 dollars par rapport à vendredi. Des deux côtés de l'Atlantique, les prix de l'or noir ont quasiment doublé en un an. “Les prix ont encore une bonne marge de progression”, a lancé Ben Tsocanos, stratège à l'agence de notation financière Standard and Poor's. “Toute menace sur les disponibilités rappelle aux investisseurs que les capacités de production sont faibles, d'où la volatilité des prix”, explique Eric Wittenauer, analyste chez Wachovia Securities. Des sabotages sur les installations nigérianes du groupe pétrolier Shell et un regain de tensions géopolitiques entre l'Occident et l'Iran, deuxième producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), ont ainsi ravivé les craintes du marché devant l'équilibre précaire entre une offre limitée et une demande en forte croissance. “Tout cela est en grande partie lié à l'offre, le marché est très vulnérable à toute perturbation des approvisionnements”, a commenté Mark Pervan, analyste Matières premières de l'Australian & New Zealand Bank. “Il y a des interrogations sur d'importants pays producteurs de pétrole”. Ses propos font notamment allusion à l'Iran, quatrième producteur mondial d'or noir, qui a maintenu lundi sa position de fermeté sur le dossier de son programme nucléaire, ce qui l'expose à de nouvelles sanctions internationales.Le marché s'inquiète parallèlement des tensions au Nigeria, premier producteur d'Afrique et huitième exportateur mondial, où Royal Dutch Shell a dû réduire sa production après une attaque de rebelles samedi contre ses installations. Par ailleurs, Le président américain George Bush, qui plaide pour une augmentation de la production de l'Opep, pourrait avoir des discussions avec des dirigeants saoudiens sur l'impact du pétrole cher sur l'économie américaine lors de son voyage dans le royaume ce mois-ci. La Maison Blanche s'est cependant gardée de dire cette fois que le président presserait le roi d'intervenir pour une augmentation de la production de l'Opep. A ces facteurs géopolitiques s'ajoute la tendance toujours baissière du dollar, qui alimente les positions spéculatives sur le pétrole.Dans ce contexte, la reconstitution saisonnière des stocks américains avant la “driving season” des grands déplacements automobiles américains ne suffit pas à rassurer les intervenants. Pour la semaine écoulée, le marché anticipe une hausse de 1,8 million de barils des réserves de brut et de 1,1 million de barils de celle de produits distillés. Les stocks d'essence, eux, devraient avoir reculé de 100 000 barils seulement.