Filiale autonome de l'Entreprise de construction et réparation navale (Ecorep), le chantier de construction navale de Khemisti (CCNK) est à l'arrêt depuis le début de l'année 2007. Une situation agonisante pour laquelle le nouveau PDG de l'Ecorep ne trouve pas d'explication. Projet conçu par les travailleurs de cette même unité, le chantier naval a été fortement salué par les investisseurs du secteur de la pêche compte tenu de sa qualité et de ses rendements. L'une des tâches de ce chantier est la construction des embarcations de 12 m. Une douzaine de commandes de navires de pêche est actuellement compromise en raison de l'arrêt du chantier. Les hauts responsables de cette entreprise et leur tutelle ont décidé de transférer les équipements et les commandes de navires de pêche en cours de construction au niveau de la défunte filiale de Jijel vers celle de Khemisti. Le transfert des sommes d'argent qui se chiffrent à des centaines de millions de dinars n'a pas eu lieu, en dépit de la décision du CPE. Pour rappel, les travailleurs du CCNK avaient organisé un sit-in au niveau du siège de la direction générale de l'Ecorep à Bou Ismaïl, le 9 octobre 2007. Livrés à eux-mêmes, les travailleurs du CCNK, qui construisaient des bateaux de pêche et de plaisance, dont le nombre est estimé à 125, vivent dans l'indifférence et la précarité la plus totale. « Je vous assure que certains pères de famille n'avaient même pas de quoi acheter du pain et du lait pour le mois de Ramadhan », déclare un membre de la section syndicale. « Nous essayons de nous entraider pour atténuer les souffrances des familles des travailleurs, les assister avec nos misérables moyens pour leur survie. Certains collègues arrivent au travail par l'auto-stop. Ils n'ont même pas de quoi payer le ticket du bus. Voilà dans quelle situation nous nous trouvons », conclut notre interlocuteur. Les visages des travailleurs du CCNK, sans salaires depuis quelques mois, ont du mal à dissimuler leur inquiétude et leur stress. Ces pères de famille s'interrogent sur leur avenir. Sans moyens financiers, le CCNK n'est plus en mesure de payer ses fournisseurs d'une part, et d'autre part, cette filiale de l'Ecorep est dans l'incapacité aujourd'hui de s'approvisionner en matière première pour achever les navires éparpillés dans le hangar. Interrogé sur les mesures à prendre pour débloquer la situation qui empoisonne le quotidien de cette unité de construction navale, le premier responsable du CCNK n'a pas daigné nous répondre dans l'immédiat. Pendant ce temps, les réunions-marathons se succèdent et les travailleurs attendent toujours la délivrance.