La gravité des événements, qui ont secoué mercredi dernier la paisible ville de Aïn Melh ayant engendré la mort d'un jeune de 14 ans et la blessure de plusieurs policiers et citoyens, a fait que le ministre de l'Emploi et de la Solidarité et celui délégué aux Collectivités locales, MM. Ould Abbas et Daho Ould Kablia fassent le déplacement ce jeudi sur les lieux pour s'enquérir sur les tenants et aboutissants d'une crise qui n'a pas cessé d'enfler, finissant par exploser à la veille de l'Aïd El Fitr et permettre aux habitants d'extérioriser leur rancœur longtemps refoulée. C'est un paysage de désolation qui s'offrait à la vue en cette journée de jeudi, révélant l'intensité des violences de la veille, la stupeur et la consternation, que la mort d'une personne a suscité, se lisaient sur les visages des citoyens qui se sont concentrés, pour une partie, face au siège de la sûreté de la daïra totalement saccagé où étaient « exposés » à la vue huit véhicules incendiés, parmi lesquels cinq appartenaient à la police, et l'autre partie, devant le siège de la daïra, où se déroulait la réunion entre la délégation ministérielle et les représentants de la population. Réunion au cours de laquelle ces représentants ont exposé la genèse de cette affaire en mettant en cause des policiers et le chef de sûreté de daïra qui sont à l'origine des émeutes pour avoir abusé de leur pouvoir et commis des dépassements. Les revendications se sont articulées autour du départ de ces policiers, de la libération sans condition des détenus incarcérés la veille. Profitant de la présence des deux ministres, plusieurs citoyens se sont succédé pour exposer moult revendications concernant l'AEP, l'électricité rurale et le chômage. Un autre citoyen ramenant le débat sur les événements et visiblement affecté dira : « Le plus grave, c'est que le commissaire prenant le caractère pacifique de la population et son hospitalité pou de la faiblesse, nous a traités sans retenue aucune de harkas. » M. Dahou Ould Kablia a réagi aussitôt et conforté l'assistance en disant : « En tant qu'envoyé du président de la République, pour vous exprimer son soutien dans ces douloureuses circonstances, que personne n'a le droit de piétiner la population de Aïn Melh, ni d'affecter sa dignité, et l'auteur de cette réflexion sera sévèrement sanctionné. » Au terme de cette réunion, il a été décidé la libération de tous les détenus et la mise à disposition de 100 postes de préemploi pour les universitaires de la commune, l'affectation de quatre minibus et un bus, l'octroi de microcrédits pour les activités familiales. Comme mesure d'apaisement d'une situation qui demeure malgré tout explosive, 34 détenus, parmi lesquels 10 mineurs, ont été libérés en présence des deux ministres. Des mesures conservatoires ont été prises à l'encontre des policiers incriminés qui ont été réaffectés à la sûreté de la wilaya. Selon le chef de sûreté de wilaya, l'auteur de l'acte ayant entraîné la mort de l'enfant n'a pas été identifié, et le sera en terme de l'enquête diligentée par le parquet près la cour de M'sila. « Il faut dire que le pire a été évité, nous dira le chef du secteur opérationnel qui était sur les lieux lors de la prise d'assaut par les émeutiers du siège de la sûreté, lesquels n'ont pas pu défoncer la chambre de l'armement et s'emparer des armes et des munitions qui s'y trouvaient, sinon ça aurait été la catastrophe. » La famille de la victime qui semble accepter le destin a reçu les deux ministres qui ont présenté aux membres de cette famille les condoléances du président de la République.