Le Festival du chant Aïssaoui a carrément enflammé les planches de la maison de la culture en cette deuxième veillée automnale mettant du baume et donnant du bonheur dans les cœurs désabusés des nombreux spectateurs. Les troupes qui se sont relayés sur la scène, entre autres, Ferkat Madih de Tizi Ouzou, Al Tarika El A Aïssaouia de Collo et Darih Sidi Belkacem de Mostaganem ont, à travers un chant rythmé, des intonations mélodieuses, authentiques et généreuses aux accents de paix et d'espérance, fait vibrer la maison de la culture et emballé le public jusqu'à provoquer en lui des élans spontanés de danse, voire de transe. La diversité folklorique incommensurable du chant Aïssaoui toujours assorti de « dikr » (évocation de Dieu et de son prophète) soutenu par la percussion harmonieuse et les rythmes du karkabou, du guembri du luth et du pilon, a pu concilier l'assistance avec cet inestimable patrimoine culturel des A ïssaoua, dont l'apparition en Algérie se situe entre la fin du XIe et le début du XVIe siècle. A travers cette franche communion et l'engouement du public suscités par les deux premières soirées de la manifestation, le Festival culturel des Aïssaoua est entré de plain pied dans les mœurs artistiques de la population qui l'a adopté, moins d'une année après le retentissant succès qu'avait connu la première édition de ce rendez-vous artistique. Au chapitre de la communication, les organisateurs ont fait la part belle à une série de thématiques réservées à l'influence de Al Tarika El Aïssaouia, l'éducation morale, religieuse et la stimulation du patriotisme chez les jeunes, la dimension de la littérature et de la poésie soufie et le rôle des zaouïas, et des confréries dans la lutte contre les visées expansionnistes des conquérants portugais et espagnols, ainsi que l'occupation française. Les conférenciers rapportent qu' « en 1880, le nombre des zaouïas en Algérie professant l'idéologie et le style des Aïssaoua dépassaient les 3600 avec une très forte concentration à l'Ouest du pays. Un potentiel religieux extraordinaire qui, à la faveur de son ancrage dans la société, s'est constitué en un vaste mouvement insurrectionnel contre l'hégémonisme de l'occupation visant à la christianisation du Maghreb ».