Les 21 000 habitants, qui vivent dans le quartier tentaculaire de Mezghiche, n'arrivent pas à faire face aux carences qui les isolent davantage et les privent d'une vie décente. Le décor est le même à travers la majorité des rues et ruelles : routes défectueuses, immondices jonchant le sol, chaussées éventrées, problèmes d'assainissement et eaux stagnantes, trottoirs défoncés, sinon inexistants, défaillances dans le réseau de canalisation des eaux usées, manque d'éclairage public et absence d'infrastructures de loisirs. Des citoyens estiment que cette cité, oubliée depuis sa naissance, est victime de son statut d'agglomération illicite qui lui colle depuis les années 1970, décennie pendant laquelle la ville de Souk Ahras a connu un rush des populations rurales, encouragées par le laxisme des responsables de l'époque. Point de vue partagé par le président d'une association locale, qui dit : « Les doléances pour une prise en charge efficace de leurs préoccupations relatives à l'insalubrité, la dégradation de l'environnement et un semblant d'aménagement de leur cité, sont restées lettre morte ». Et de renchérir : « Il y a pire à Mezghiche : nous constatons avec amertume la dégradation des mœurs, l'apparition de groupes organisés de délinquants et la propagation de plusieurs fléaux sociaux. Ceci est certes le résultat d'un malaise social indéniable, mais aussi une conséquence de l'exode rural et d'une extension anarchique de cette partie importante de la ville. La population qui y débarque est souvent d'origine inconnue et donc capable de sévir dans l'anonymat sans être inquiétée par les responsables ». Le même constat a été avancé par le président de l'association Echo-jeune qui considère Mezghiche comme l'un des quartiers les plus chauds de la ville en matière de délinquance. L'association de la promotion de la cité Benboulaïd (Mezghiche) dénonce la prolifération inquiétante de nouvelles constructions illicites estimées, dans un premier bilan établi par ladite association, à 30 baraques avec espaces squattés. La situation des propriétaires de ces logis de fortune sera régularisée de la même manière que celle des centaines de constructions réalisées dans les années 1970 et 1980, grâce à une reconnaissance tacite de « la politique du fait accompli ». Pour la dégradation du cadre de vie, nos interlocuteurs croient fermement que l'argent n'est pas la panacée, et que le blocage est le résultat de trois décennies de replâtrage. Tout en reconnaissant l'existence d'inextricables problèmes d'environnement et des défaillances certaines qui remontent, dans leur majorité, à une autre époque, des membres de la commune sortante ont tenu à mettre en relief « des efforts certains dans l'aménagement de plusieurs rues principales de Mezghiche, l'assainissement d'une partie importante de cette agglomération et l'intégration de plusieurs dizaines de jeunes par le biais des formules de l'emploi de jeunes du filet social ».