Des dizaines de rues et ruelles de Souk Ahras sont irrémédiablement plongées depuis des années dans le noir et deviennent, de ce fait, des lieux de prédilection pour les adeptes indiscrets de Bacchus et des hordes de marginaux qui y trouvent souvent refuge ou lieu de rencontre. A Aïn Ouaâdallah, Bendada et Berrel Salah, dans des agglomérations relativement isolées du quartier tentaculaire de Ahmed Loulou, des agressions et des tentatives de vol, imputées à l'absence de l'éclairage public, nous ont été signalées par plusieurs citoyens. A la cité Mezghiche, quartier défavorisé par excellence, des centaines de citoyens prennent de grandes précautions pour sortir la nuit et les noctambules sont souvent assaillis par les meutes des chiens errants ou des agresseurs. Même phénomène aux cités Laâlaouia et Ibn Rochd, voire à travers les rues du centre-ville et des quartiers relativement huppés, tels que les cités résidentielles de Dallas, Djanane Teffeh et Rebbahi. L'incivisme de certains citoyens est mis en cause au même titre que la démobilisation des services communaux. Les premiers n'arrivent toujours pas à se débarrasser de la culture du « beylik » et oublient souvent que les lampadaires que l'on saccage à coups de cailloux sont réinstallés (si réinstallation il y a) grâce à l'argent des contribuables et les seconds, en mal de stabilité depuis dix mois, arrivent difficilement à se concerter autour d'une table à propos justement de telles préoccupations des citoyens. En attendant un sursaut civique chez les uns et un engagement de la part de ceux qui, des semaines durant, promettaient monts et merveilles, les habitants des quartiers précités, exposés chaque nuit que Dieu fait aux vols, agressions et aux chiens errants, s'imposent un « couvre-feu » et demeurent privés d'un légitime bol d'air en famille après une longue journée de dur labeur.