En infiniment moins de temps qu'il vous faut pour vous rendre jusqu'aux Pins Maritimes, au XIIe Salon du livre, en bus, en voiture ou même en hors-bord, à travers la baie, votre cerveau peut, en quelques fractions de secondes, lire ces lignes. Lire est peut-être l'activité humaine la plus rapide, la plus extraordinaire aussi. Si Jâhiz en a dit, comme personne d'autre (extrait ci-dessous), toute la beauté et l'importance, aujourd'hui encore, on continue à en découvrir de nouvelles choses. L'an dernier seulement, le développement des neurosciences et un concours de circonstances a permis à une équipe française de donner l'adresse exacte de la lecture dans notre cerveau : juste au dessous du lobe temporal gauche, dans le cortex occipital ! Cette découverte, pauvrement couverte dans le monde entier, dépasse pourtant de loin la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb et même le premier vol dans l'espace de Youri Gagarine. Car si aller loin est excitant et merveilleux, cela tombe sous le sens. Mais aller loin si près, et même au-dedans de nous, est une expédition encore plus extraordinaire. C'est ce qui peut expliquer que chaque lecture est un voyage. Mais aujourd'hui, le chemin de votre lobe temporal gauche passe par le Salon du livre qui, lui, sur la baie d'Alger, se tient à la droite, soit « thama n'tayfoust » en berbère, comme la tribu des Beni Mezghana désignait l'endroit qui a donné son nom à Tamentfoust. Allez par où vous voulez, mais allez-y, ne serait-ce que pour râler. Après tout, râler est utile au changement. Pour le plus grand évènement culturel national, ce spécial d'A & L bénéficie de deux pages supplémentaires. Que fait l'Etat pour le livre ? Et bien, contrairement aux apparences, « pas mal » de choses, mais encore peu communiquées et donc faibles en synergie. On demande à voir, dira-t-on certainement. Des citoyens, d'âges et de situations divers, nous ont dit ce qu'ils pensaient, attendaient ou désespéraient du SILA. Vous trouverez aussi un guide des animations ainsi, pour la première fois, d'un carnet des parutions de l'édition nationale suffisant pour montrer qu'il existe une réelle dynamique et de nouvelles plumes, avec des faiblesses bien entendu. Nous avons voulu aussi rendre hommage aux belles initiatives du livre à travers un tableau d'honneur des individus et associations qui se démènent dans ce sens. Le SILA mérite toutes les critiques. Ne pas s'en priver surtout. Mais il mérite aussi notre soutien. Parce que, devenu une tradition, il vient nous rappeler chaque année que les livres restent le meilleur chemin de la délivrance.