C'est reparti ! La polémique entre la direction du Front des forces socialistes (FFS) et le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, enfle. Intervenant jeudi sur les ondes de la Chaîne II, le premier secrétaire du FFS a entièrement rejeté les arguments avancés par le ministre Zerhouni pour justifier le rejet de certaines listes de son parti. Convaincu de l'infondé de ces arguments, Karim Tabbou a réitéré sa demande d'un face-à-face télévisé entre lui et le ministre par lequel le FFS espère y éclairer l'opinion publique. « Nous possédons des décisions de justice réhabilitant nos candidats de Mila notamment. En vain. L'administration a refusé de les exécuter. Nous avons porté notre affaire devant le chef du gouvernement. Mais rien n'a été fait. Ainsi, l'administration de M. Zerhouni nous a bel et bien privés de 10 listes APW et de 768 candidats », martèle l'invité de la Chaîne II. Le premier secrétaire du FFS parle d'un « complot » sciemment préparé pour empêcher le parti d'être représenté au niveau national. Pour étayer ses propos, M. Tabbou relève avec étonnement le fait que toutes les décisions de rejet ont été prononcées en dehors de la Kabylie. « Ils veulent nous localiser et nous fixer dans une seule région pour ensuite nous désigner comme un parti régionaliste », dénonce-t-il. L'invité de la Chaîne II établit également un lien entre ces rejets injustifiés de listes de candidatures et l'approche de l'élection présidentielle (prévue en 2009). M. Tabbou estime que le Pouvoir cherche à contrôler la majorité des assemblées locales pour mieux préparer le scrutin présidentiel. « Pour ce faire, précise-t-il, il commence par exclure dans certaines régions les partis qui dérangent ». M. Tabbou considère ainsi le rejet infondé de certaines listes de son parti comme un « acte de fraude ». S'inclinant à l'occasion du 1er Novembre devant ceux qui sont morts pour ce pays, M. Tabbou relève avec consternation que rien n'a changé depuis l'époque coloniale. « On n'a jamais laissé le peuple exprimer sa volonté », condamne-t-il. M. Tabbou critique dans ce sillage les nouvelles dispositions de la loi sur les partis, lesquelles ôtent le droit de participation aux formations n'ayant pas obtenu au moins 5% de voix lors des précédentes élections. « Des élections entachées de fraude ne peuvent pas constituer une base sur laquelle on détermine la représentativité des partis. Ces dispositions, comme bien d'autres, sont inutiles et injustes. Il faudrait d'abord garantir les conditions nécessaires pour un exercice démocratique, libre et transparent », clame-t-il. Revenant sur les raisons de la participation du FFS à ces élections alors qu'il avait boycotté les législatives du 17 mai dernier, M. Tabbou estime que chaque élection a sa particularité. « Celles-ci concernent directement les citoyens et leur vécu quotidien. Comme nous avons décidé d'être constamment aux côtés des citoyens, nous nous sommes engagés dans ces joutes électorales convaincus que la véritable politique doit se faire au niveau communal », argue-t-il. Le premier secrétaire du FFS promet de surprendre lors de ces prochaines élections. « Nous allons créer la surprise même si on nous a laissés nous présenter uniquement dans 433 APC et 20 APW », lance-t-il avec euphorie. En dépit du spectre de la fraude qui plane sur ces élections, M. Tabbou se montre donc confiant quant aux capacités mobilisatrices des candidats du parti choisis sur la base « de leur honnêteté et leur dévouement au travail ». L'invité de la Chaîne II souligne l'engagement et la détermination de son parti à défendre ses intérêts lors de ces élections. Il déclare même que le FFS ne voit pas d'inconvénient à siéger dans la commission nationale de surveillance des élections si elle venait à être installée. Même si M. Tabbou ne voit pas en elle une grande utilité du fait qu'elle n'a pas pu empêcher les fraudes antérieures.