Sandblast a réussi là où d'autres ont jusque-là échoué : établir un dialogue intercommunautaire au cœur du Royaume-Uni pour rendre compte de la visibilité culturelle, artistique et politique du peuple sahraoui. Ce sont aussi les réfugiés sahraouis qui ont réussi leur conquête culturelle et artistique, à Londres, pour exprimer haut et fort ce que le royaume chérifien pense tout bas, que leur résistance ne soit plus vaine. Car, à voir l'assistance pluriculturelle qui a pris part à cette manifestation, il est à reconnaître que l'initiative de Sandblast a tenu toutes ses promesses. Le parvis du centre Rich Mix, Bethnal Green (Londres) s'est avéré en tout cas exigu pour contenir l'assistance présente, la soirée de vendredi, à l'ouverture du Festival des arts et de la culture sahraouis, organisé par l'ONG londonienne. Artistes, écrivains, poètes, élus locaux, cinéastes, politiques, défenseurs des droits de l'homme (la liste est encore longue) s'étaient joints à cette résistance culturelle pacifique. Chacun a eu sa dose de solidarité à la cause sahraouie. Jean Lamore estime que l'initiative « est une synergie culturelle excessivement vivace où des artistes anglais, italiens et africains ont été inspirés par la culture et la cause du peuple sahraoui ». Pour cet écrivain américain, « la présence ici d'artistes sahraouis est une source d'inspiration sans pareil pour les autres créateurs ». La directrice de Sandblast, Danielle Smith, a mis en relief dans son intervention la difficulté de faire venir des réfugiés au Royaume-Uni. Et dans ce cadre, elle n'a pas omis de remercier le gouvernement algérien, notamment ses représentants en Angleterre. Pour le président du Comité algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), « l'autodétermination du peuple sahraoui, qui est vecteur de la paix et de développement, trouve son prolongement aujourd'hui dans l'action culturelle développée par Sandblast qui confirme la pérennité de ce droit imprescriptible du peuple sahraoui ». Aux yeux de Mehrez Lamari, cette initiative confirme « la pérennité du droit imprescriptible du peuple sahraoui à l'autodétermination à travers un référendum libre, loyal et régulier ». Le président de l'Union des journalistes sahraoui, Malainin Lekhal, s'estime « heureux d'avoir eu l'opportunité de participer à cet événement qui est en train de réaliser une vraie conquête culturelle et artistique à Londres ». Pour ce poète et journaliste, le Sandblast permettra à l'opinion publique britannique d'avoir une idée globale non seulement de la culture sahraouie mais aussi de la longue histoire et de la résistance d'un peuple qui reste attaché à son identité et à ses droits légitimes. « Enfin, nous sommes en train avec les autres d'ouvrir une fenêtre pour rendre visible la culture et l'identité sahraouies », lance Khadidja Hamdi, députée et présidente du département des arts et de la culture sahraouis. Pour elle, la présence à cette manifestation de la presse algérienne (El Khabar, El Watan, APS, El Ahrar), à laquelle elle a rendu un grand hommage, montre la solidarité crédible de l'Algérie aux côtés de la culture juste du peuple sahraoui. Le quotidien El Watan, qui a sans cesse dénoncé la souffrance et combattu pour que le peuple sahraoui vive sa liberté, récidive avec sa solidarité. Cette solidarité est mise en relief par l'excellente exposition étrennée par la reporter photographe, Malika Taghlit, au centre Rich Mix où sont exposées des photos qui montrent les différentes facettes du combat du peuple sahraoui. Le festival de Sandblast a été amorcé par la présentation d'une pièce de théâtre mixte. Mise en scène par Giles Foreman, cette pièce, métissée, met en relief la résistance sahraouie des esprits qui vivent dans les Adjouad (chaînes de montagnes du Sahara occidental). Parmi ces esprits, il est cité ceux des héros de la résistance sahraouie, tels les martyrs El Ouali, Naceri Et Maymouna. « L'idée est que ces esprits, par leur pouvoir de traverser, sont ici à Londres pour expliquer l'histoire du peuple sahraoui », explique M. Giles. Pendant le déroulement de la pièce, « ce sont ces esprits que vont introduire les acteurs, dont la plupart sont Britanniques », ajoute-t-il encore. A noter que le festival se poursuivait hier dans la soirée. Au programme : recueils de poésie, films, expositions, musique…