Après avoir animé des chroniques portant sur le thème de l'enfance dans un quotidien francophone algérien, vous vous êtes lancée dans l'écriture d'un remarquable conte pour enfants. Quelle est la genèse de ce livre ? En toute sincérité, je ne pensais pas écrire, un jour, un conte destiné aux enfants. L'année dernière, en pleine nuit, alors que je n'arrivais pas à trouver le sommeil à cause d'une maladie lourde, j'ai eu recours à l'écriture. La douleur me tiraillait tellement que j'avais décidé de prendre comme remède un stylo et un carnet. Des objets que mon frère Hamid m'avait m'envoyés de l'étranger pour m'inciter à reprendre l'écriture. Je me suis mise à écrire spontanément sans m'arrêter. Il m'était, pour ainsi dire, difficile d'arrêter ce mécanisme de l'écriture alors que j'étais entre la vie et la mort. C'est ce qui explique, sans prétention aucune, la pagination de 52 pages. J'ai ensuite laissé le manuscrit dans un tiroir pendant un an. Ce n'est qu'en juillet dernier que j'ai pris contact avec mon éditeur. La publication a suivi quelques jours plus tard. Je sais qu'aucun auteur ne peut égaler un autre mais en lisant mon livre, quelques membres de la commission de lecture m'auraient comparé à d'illustres plumes telles que Saint-Exupéry, La Fontaine, Esope ou encore Ben El Mounfik. A travers l'histoire de l'héroïne Yasmine — qui est en fait le nom de votre fille —, vous introduisez l'enfant dans un monde mirifique, faisant appel à plusieurs personnages connus des contes d'autrefois... Yasmine est une petite fille qui se retrouve du jour au lendemain seule. Sa maman est à l'étranger pour des soins médicaux. Par une belle nuit hivernale, la petite fille se retrouve assisse sur un trottoir avec en main son portable. C'est là qu'apparaît une plume errante. Des liens amicaux se tissent entre ces deux connaissances qui, a priori, sont faites pour s'entendre. Cette plume vient effacer les larmes de Yasmine pour lui redonner le sourire. Cette plume magique lui expliquera que la vie ne s'arrête pas là. Si un jour tu perds tes parents, lui dit-elle, il y a la plume et le savoir pour te consoler et oublier ta tristesse. J'ai effectivement introduit tous les personnages de contes ayant bercé l'enfance des plus jeunes et des plus anciens, ceux qui ont égayé la vie de Yasmine. J'ai voulu unir tous ces personnages, dont Blanche-Neige, le Petit Chaperon rouge, la Belle et la Bête... J'ai voulu également montrer que d'autres personnages, à l'image de Yasmine, peuvent bercer l'enfance de nos gamins. L'histoire mirifique de Yasmine et de la plume magique, c'est en quelque sorte l'histoire de ma fille qui a trop souffert de mon absence à cause de mes hospitalisations. Votre histoire est, en fait, perçue comme un message moralisateur à l'intention d'une frange de la société ? A travers cette histoire, je veux expliquer aux orphelins que la vie ne s'arrête pas à un moment précis de leur existence. Ils se doivent de se battre à travers leurs études. La plume leur est d'un grand secours. Par ailleurs, nous n'avons pas le droit, nous autres les adultes, de les délaisser. L'orphelin doit exister. Des projets en perspective ? Je pense que quand on édite un ouvrage, on ne peut pas s'empêcher de penser au prochain. Je viens juste de terminer un deuxième conte intitulé Naïma et Ichit, le gentil extraterrestre. Je continuerai à écrire pour l'enfant. J'offre la plume au peuple algérien et à tous les enfants du monde. Je n'accepte pas qu'on maltraite les enfants et les malades. Je souhaite à tous les cancéreux une bonne guérison.