La short liste a été réduite de 5 à 3 projets. Un audit de faisabilité a été demandé. Deux projets, Architecture Studio et ATSP-Atkins, ont opté sur l'audace et le troisième, Kreber-Kiefef, sur la référence traditionnelle. Des Algériens sont encore en course dans le concours. Il faudra attendre encore quelques jours avant de connaître le lauréat du concours d'architecture de la grande mosquée d'Alger. Un audit technique sur la constructibilité des trois derniers projets retenus a été demandé lors d'une réunion de l'agence publique en charge de l'ouvrage. Trois projets et non plus cinq. Les deux offres financières la moins chère et la plus chère ont été éliminées de la short liste à présenter – incessamment – au président Bouteflika pour le choix du lauréat qui assurera les études et le suivi de réalisation de la grande mosquée d'Alger. C'est ce qui ressort, de sources proches, des dernières délibérations autour de l'attribution de ce mégaprojet dont le coût final oscillera entre 300 et 550 millions d'euros selon l'offre retenue. Les Iraniens de Genidar Sarl n'ont pas intégré une estimation globale de leur mission, ce qui a permis de proposer un devis inférieur à 6 millions d'euros, tandis que les Allemands de IPRO-Plan ont facturé à 129 millions d'euros leur prestation trois fois plus haut que la moyenne des quatre autres offres. La conséquence en serait que la grande mosquée d'Alger ressemblera au projet d'une des trois dernières agences encore en course, la française de Architecture Studio, la germano-tunisienne de Kreber-Kiefef ou l'anglo-franco-algérienne de ATSP-ATKINS. Si le paramètre financier devait seul décider de l'attribution, le projet ATSP-ATKINS l'emporterait car revenant (en étude et réalisation) à 28 de milliards de dinars TTC, lorsque les deux autres projets sont évalués à 50 milliards de dinars (Architecture Studio) et 54 milliards de dinars (Kreber-Kiefef) en hors taxe. Mais l'aisance financière algérienne étant ce qu'elle est, le critère du coût ne sera pas seul à peser sur le choix présidentiel. Le projet germano-allemand de Kreber-Kiefef se distingue des deux autres par une référence plus marquée à la tradition architecturale mauresque. « C'est une option à double tranchant, selon que le président Bouteflika veuille encenser l'ancrage algérien dans le patrimoine almohade, ou se singulariser par un trait de contemporanéité », estime un urbaniste près du dossier. « L'audace » demandée est plus perceptible dans les deux autres projets, « ce qui fait aussi leur force et leur fragilité face au projet germano-tunisien ». Les agences qui proposent ces deux projets « audacieux » satisfont à l'exigence présidentielle de la qualité de la signature internationale. Des architectes algériens dans la course Architecture Studio (AS) est un bureau de huit architectes associés, né en 1973 et dirigé par Roueidia Ayache depuis 2001, peut-on lire sur son site internet. AS, une centaine d'employés, reconnu comme une agence prestigieuse sur la place de Paris, a signé en France quelques-unes de ses œuvres emblématiques, l'Institut du monde arabe, l'église Notre-Dame de l'Arche d'Alliance, ou encore le Parlement européen de Strasbourg. Architecture Studio s'est fortement développé à l'international ces dernières années, notamment en Chine. L'agence a des signatures dans 23 pays dans le monde. Au Maroc, on lui connaît le nouveau siège de Maroc Télécom achevé en 2005. ATSP-ATKINS est un groupement d'études. Atkins Global, basé à Londres, est tout simplement le numéro un mondial de l'engineering. Son portefeuille de métiers fait, par exemple, qu'il est à la fois l'auteur des études de Bordj Al Arab de Dubai et de l'aile de l'Airbus A 380, le plus gros porteur de l'aviation civile. C'est ATSP qui a amené Atkins à Alger. L'agence parisienne d'une quarantaine d'employés est le fruit de l'association d'un architecte algérien, Salah Eddine Saïdoune, formé à l'Epau et diplômé dans plusieurs filières (graphisme- management de projet-magistrature) en France et en Algérie, et d'un architecte américain, Tom Sheehan, honoré en 1997 d'un prix pour avoir été chef de projet architectural du Stade de France. ATSP a d'ailleurs remporté les concours restreints pour les nouveaux stades de 40 000 places d'Oran et d'Alger-Est. L'équipe bénéficie en outre de la participation de Abdelkader Abdi, le désigner algérien de notoriété mondiale. Les deux agences AS et ATSP ont été rivales dans plusieurs concours d'architecture en Algérie ces derniers mois, le dernier en date étant celui du siège algérois de BNP Paribas. Chacune a un siège permanent en dehors de la France. Celui de AS est à Shanghai, celui de ATSP est à Alger.