La grande mosquée d'Alger sera dessinée par le bureau d'études germano-tunisien Kreber-Kiefef. Les résultats du concours international d'architecture sont tombés hier sous la forme d'un fax adressé par le maître d'ouvrage aux cinq agences sélectionnées par le jury. Les deux autres projets les plus en vue, celui d'architecture studio (France) et celui de ATSP-Atkins (France-GB-Algérie) ont été classés second et troisième. Ce choix avait été annoncé début novembre dernier par El Watan, il devait alors être rendu public lors d'une cérémonie à l'hôtel militaire de Beni Messous, mais le conseil du gouvernement qui devait avaliser le choix du président Bouteflika a reporté, in extremis, ce point d'ordre du jour pour cause d'intempéries sur le nord du pays. Les retards pris depuis pour confirmer ce classement – largement orienté par le département de M. Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses – avait laissé penser qu'il était peut-être remis en cause. Il n'en est rien en définitive. Le projet Kreber-Kiefef est estimé à environ 54 milliards de dinars hors taxe. Il est remarquable de relever qu'il était le plus cher des trois projets favoris. Celui de ATSP-Atkins était évalué à moins de la moitié (28 milliards de dinars en TTC). Le jury avait classé les trois projets dans un autre ordre. C'est la planche du français Architecture studio (AS) qui avait été classé en tête devant ATSP-Atkins et seulement Kreber-Kiefef. Il semble que le caractère moderniste du projet de AS n'a pas convenu à la tutelle de l'agence nationale en charge de l'ouvrage (ANRGMA). Le ministère des Affaires religieuses a donc proposé dans son rapport un classement différent mettant en première position le projet Kreber-Kiefef dont on dit que la facture architecturale est plus traditionaliste, « une réplique lointaine de la mosquée de Hassan II à Casablanca », disent même ses adversaires. Le cahier des charges de la mosquée d'Alger prévoit une salle de prière couverte de 40 000 personnes et une contenance totale avec l'esplanade de 120 000 prieurs. Ce qui placera l'ouvrage en troisième position des mosquées dans le monde après celle de La Mecque et de Médine. Le minaret de 300 m sera lui le plus élevé du monde. L'emprise au sol du projet se situe sur la rive droite de l'embouchure de l'oued El Harrach, sur une butte boisée au centre de la baie d'Alger. Les travaux devront durer 5 années à partir du choix de l'entreprise de réalisation. Un marché qui promet une bataille encore plus rude que celle du concours d'architecture.