La wilaya de Tizi Ouzou a connu, la fin de la semaine dernière, de violentes intempéries qui ont causé 4 morts dont un enfant de dix ans, des pertes matérielles et des dizaines de familles sinistrées. Pendant quatre jours, des citoyens sans moyens, luttaient presque seuls contre les eaux de pluie qui n'ont épargné personne. Le bilan provisoire de cette catastrophe est de 3 milliards de dinars, selon le secrétaire général de la wilaya. Pendant ce temps-là, aucune présence des pouvoirs publics n'a été signalée, à part celle de la Protection civile dont les moyens matériels et humains ne peuvent pas faire face au déchaînement des forces de la nature. Des routes ont été coupées à la circulation. Des conduites de gaz et d'eau potables ont éclaté et des régions entières ont été dépourvues d'électricité. Au lendemain du sinistre, des habitants de différentes localités ont protesté à travers des sit-in pour faire entendre le cri de leur détresse auprès des autorités publiques qui ont brillé par leur absence et leur silence coupable. Il aura fallu ainsi quatre jours pour que le wali convoque un conseil de l'exécutif auquel ont pris part les 21 chefs de daïra. Cette rencontre a été l'occasion pour les uns et les autres de se disculper. Les chefs de daïra n'ont même pas daigné établir à temps un bilan détaillé des dégâts occasionnés par la pluie, demandé par la chefferie du gouvernement. Le directeur de l'hydraulique a osé déclarer qu'auparavant, « on n'a pas pris au sérieux le curage des avaloirs ». Au lieu de parler de défaillance, le wali de Tizi Ouzou a, pour sa part, utilisé le mot insuffisance. Sur le terrain, les faits le contrediront vite. La destruction des trottoirs et la dégradation des réseaux routiers, récemment réceptionnés, et l'obstruction des avaloirs et des canaux d'évacuation des eaux pluviales ne peuvent être que le résultat de travaux bâclés des entrepreneurs. L'absence d'un contrôle sérieux de la part des services concernés de l'administration n'est pas en reste dans le drame qui a touché Tizi Ouzou. Pour régler définitivement le problème des inondations, notamment au chef-lieu de la wilaya, des études seront lancées dans les prochains jours. Mais pourquoi lancer des études dont les résultats et les recommandations ne seront pas respectés ? L'anarchie qui règne à la Nouvelle Ville en est la parfaite illustration. Dans son intervention, le wali s'est encore une fois lancé dans un discours fleuve sur la nécessaire coordination entre les différents services de l'administration. Par ailleurs, que va-t-on faire des familles sinistrées lorsqu'on sait que certains sinistrés des inondations des précédentes années ne sont toujours pas relogés. Les logements existent mais ils sont squattés. Les autorités ne semblent pas près de déloger les 1200 squatteurs dont la plupart ne sont pas dans le besoin. Enfin, chacun s'est entendu à dire que l'on ne s'attendait pas à un tel taux de pluviométrie en quatre jours. Autrement dit, c'est la faute à la pluie qui ne nous a pas prévenus.