Le calvaire des enseignants de tamazight grévistes a pris fin. Le ministre de l'Education nationale a, par ce geste, rassuré élèves, parents et enseignants. Pour les mauvaises langues qui ne comprennent pas cette issue heureuse, un rappel historique est plus que nécessaire. Parmi les grévistes, 50% sont détenteurs du niveau de 3°AS, les autres se répartissent entre licenciés d'université, ingénieurs et DEA. A partir de ce constat, on ne peut s'empêcher de faire une comparaison avec la situation que connaissait l'enseignement de la langue arabe au lendemain de l'indépendance. En 1962, la légitime soif des Algériens à apprendre l'une de leurs langues nationales avait créé une situation d'exception. A la demande massive, les autorités de l'époque avaient répondu par des mesures exceptionnelles : recruter coûte que coûte des enseignants d'arabe. La parade : rabaisser à son niveau le plus bas le seuil minimal exigé pour enseigner. C'est de la sorte que des milliers de moniteurs (talebs de zaouia et anciens élèves d'écoles coraniques) embrassèrent la carrière d'enseignant. La totalité finit par se hisser aux plus hautes marches de la hiérarchie : inspecteurs, directeurs d'écoles, de collège, de lycée, enseignants d'université, cadres supérieurs et même ministres (et oui !). Si en 1962 (et les années suivantes) on avait appliqué les exigences statutaires telles que définies par la réglementation en vigueur à l'époque, la langue arabe n'aurait jamais été enseignée sur tout le territoire national. Ne pourrait-on pas appliquer la même logique d'exception au bénéfice de la langue tamazight ? Certes, il n'est pas question de recruter au rabais, mais au moins répondre à cette situation d'urgence. Le niveau minimum étant la 3°AS dans ce cas précis. A noter que le ministre a ouvert les portes de la qualification par la formation et ce afin de rester dans le cadre de la réglementation.