Par ce travail, nécessairement perfectible, j'ai voulu rendre grâce à tout ceux qui ont participé à l'élaboration du journal », relève Aggoune pour qui le passage par la Tunisie et le Maroc, où fut réalisé l'organe central du FLN de guerre, est « nécessaire et interviendra incessamment ». Le travail réalisé par Oulbsir a débuté en mars et n'a été achevé qu'en décembre, coïncidant avec l'ouverture du colloque international sur El Moudjahid tenu à la Bibliothèque nationale du Hamma. Les témoins y ont souscrit et ont voulu retrouver les lieux où fut réalisé le journal créé en juin 1956 à l'initiative de Abane Ramdane. La rencontre avec l'équipe de la « résistance algérienne » s'est faite à Tétouan, au Maroc, où activait une équipe dirigée par Ali Haroun. L'organe central du FLN, qui a phagocyté le journal lancé par le défunt Mohamed Boudiaf, aura connu deux périodes, celle où il fut ronéotypé dans plusieurs endroits d'Alger et l'autre à l'extérieur du pays après la sortie du Comité de coordination et d'exécution (CCE), sous les coups de boutoir des paras de Massu. Celui qui a fait la monographie du journal, où il avait exercé, reviendra sur les traces de ces journalistes-résistants et de ceux qui se sont retrouvés sur leur chemin. Il assure avoir forcé la main à certains de ses témoins, qui après avoir remarqué la « bonhomie » et la sincérité du producteur s'y sont prêtés de bon cœur. Lieu de rencontre des membres du CCE, l'organe exécutif du FLN, la maison de Ouamar au 133, au Télemly, a abrité les discussions sur les premiers numéros. Le défunt Moussaoui, l'un des fondateurs de l'APS, s'est toujours refusé à parler mais se résolut à donner son témoignage sans rechigner, pendant plus de deux heures. Les comités de rédaction des deux éditions, arabe et français, dans lesquels aucune tension liée à la langue et au contenu des articles n'existait, discutaient des sujets qui devaient être traités. Rédha Malek et El Mili, les coordinateurs, en donnaient la preuve. Accompagné deMme veuve Abane Izza, Mokhtar Ouamar, agent de liaison à la zone autonome, ouvrira « pour la première fois » la porte de sa maison où se sont réunis les membres du CCE avec Abane Ramdane qui fut jusqu'à son assassinat, le 27 décembre, la cheville ouvrière du journal. De ces hommes qui dirigeaient la révolution, Ouamar gardera une bonne réputation. Celles qui se sont occupées de dactylographier les textes ne sont pas en reste, comme Nassima Hablal. Première secrétaire de Abane Ramdane,elle parlera de son travail très exigeant. Mahmoud Agha Bouayed, la Famille Benouniche, Abdelhakim Benchikh témoigneront aussi. Il en est de même de membres de la communauté catholique. Evelyne Lavalette, qui s'est fait fort de garder le matériel ronéo de l'époque, assure avoir habité au presbytère de l'église Sainte-Croix, dans la haute Casbah tenue par l'abbé Declerq. Lorsque le CCE part pour l'étranger, le journal sera ramené dans les bagages de ses membres. L'équipe sera consolidée à l'occasion avec la participation d'intellectuels, à l'image de Frantz Fanon, du professeur Chaulet, de Zahir Ihaddaden, de Lamine Bechichi, de Abdellah Cheriet, de Mezhoudi, d' Ahmed Boumendjel…Deux exigences semblent guider le directeur de Media marketing, le parrainage de l'œuvre par le président de la République et le « respect dû » à tous ceux qui ont participé à la création de ce journal qui parce qu'ayant pris une importance immense les services de propagande français avaient décidé d'en imiter quelques numéros.