Critique est la situation au FLN. Abdelkader Bounekraf, membre du secrétariat exécutif du parti, ne le cache pas. Démissionnaire de la direction nationale du vieux front, ce député FLN de Tipaza, qui a eu à prendre plusieurs responsabilités au sein de sa formation depuis la fin des années 1970, dénonce vivement l'exclusion de militants et le dysfonctionnement des instances du parti. Expliquant, jeudi dernier, sur les colonnes du quotidien Le Soir d'Algérie, les raisons pour lesquelles il quitte la direction du FLN, M. Bounekraf ne lésine pas sur les mots pour charger Abdelaziz Belkhadem qui, selon lui, « a échoué » dans sa mission de réunification des rangs du parti après la grave crise qu'il a traversée de 2003 à 2004. « Belkhadem a préféré demeurer l'otage, voire le serviteur d'un clan et reléguer ainsi à la marge de nombreux militants cadres malgré leur expérience, leur aptitude et leur capacité à enrichir et à défendre les thèses du parti », décrie-t-il. Poursuivant son constat amer, M. Bounekraf, qui dit avoir « la coupe pleine », fait mention de quelques engagements du secrétaire général Belkhadem qui n'ont jamais été respectés, à savoir la modernisation du fonctionnement du parti, la moralisation de la vie politique et la lutte contre la médiocrité. Des réunions des instances du parti qui ne se tiennent pas à la « mafiasition » des pratiques politiques en passant par le phénomène de la « chkara », M. Bounekraf fait état d'un parti qui perd son identité politique et se vide de ses compétences. « On assiste de plus en plus à la désaffection des meilleurs éléments en proie au découragement au profit d'une nouvelle faune d'activistes (…) qui squatte littéralement l'appareil du parti », déprécie-t-il. « Les purges ont commencé, d'après lui, dès la préparation du congrès de janvier 2005 et se sont poursuivies jusqu'à aujourd'hui. » Pour M. Bounekraf, la situation a atteint son apogée lors des élections législatives du 17 mai dernier, dans lesquelles plus de 90% des députés sortants ont été éliminés de fait. Aussi, il dénonce l'exclusion de militants qui n'ont joué aucun rôle dans les dernières crises internes au parti. Des militants qui, affirme-t-il, ont été exclus « uniquement parce qu'ils portent des noms semblables à ceux de certaines personnalités du parti ayant pris des positions différentes de celles attendues de braves militants disciplinés ». Illustrant le grand désordre au sein de la maison FLN, M. Bounekraf estime que pour dépasser une telle situation, on doit accorder suffisamment d'attention aux mouvements de protestation que connaissent actuellement l'ensemble des mouhafadhate. Pour étayer ses propos, le député FLN de Tipaza souligne qu'« aucun parti ne peut faire la police à l'intérieur de ses rangs et en même temps renforcer ses positions dans la composition qui l'oppose à ses adversaires ». L'Alliance présidentielle n'a pas échappé aux critiques de M. Bounekraf qui résume son action à quelques « cérémonies protocolaires de passation par rotation des mandats de président ». Il trouve cependant intéressante l'initiative pour la démocratisation du système algérien, lancée dernièrement par trois figures politiques importantes, à savoir Mouloud Hamrouche, Abdelhamid Mehri et Hocine Aït Ahmed. « Devant l'indigence qui caractérise la vie politique, tout acte concourant à l'enrichissement du débat et au renforcement de la démocratie est le bienvenu », soutient-il, regrettant dans ce sillage que des personnalités comme Hamrouche et Mehri soient mises à l'écart.