Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN depuis le 8e congrès bis, défie ceux qui veulent en finir avec ce parti arguant qu'il est un patrimoine historique qui appartient à tous les Algériens et qui, donc, ne doit pas constituer une entité politique au profit d'un groupe de personnes. « Le FLN n'ira pas au musée et n'en est pas un. Il n'est pas un tremplin pour accéder aux privilèges ni une monture pour se servir. Il n'est pas non plus un parti condamné à disparaître », a-t-il déclaré à l'ouverture, hier, de la première session du comité exécutif, tenue à l'hôtel Mouflon d'or (Alger). De tels propos d'un homme très proche du président de la République réconfortent la thèse selon laquelle ce dernier a donné un sursis au vieux parti en guise de reconnaissance à son dévouement et à son allégeance. Le président Bouteflika avait, rappelle-t-on, beaucoup insisté, notamment pendant la campagne électorale de la présidentielle de 2004, sur le fait que le FLN est une page de l'histoire de l'Algérie à laquelle il ne faut pas toucher. D'ailleurs, même dans le message adressé au congrès, M. Bouteflika a tenu à rappeler son entière conviction par rapport à cette question. « Je reste convaincu que ce qui appartient à la guerre de Libération doit le demeurer (...) », a-t-il déclaré. Mais après que le Président est devenu son premier responsable, le FLN semble complètement rassuré : tant que cela durera, le parti ne risque pas de s'effilocher encore moins d'être envoyé au musée. Récompense ? En tout cas, le président est tranquillisé, car le FLN a prêté le serment de défendre et de mettre en œuvre son programme. C'est là tout le deal. Poursuivant son discours, M. Belkhadem s'est attaqué à ceux qui avaient, par le passé, affiché une animosité contre le projet de concorde civile. « Nous croyons à l'utilité et à l'opportunité de la réconciliation nationale, alors que les éradicateurs sont encore éblouis par la concorde civile », a-t-il lâché. Des propos à peine voilés qui viseraient le RND dont la position par rapport à l'amnistie générale n'est pas encore claire. Pour se prémunir contre une éventuelle défaillance de ce dernier, le FLN se propose comme la locomotive de ce futur projet qu'il considère comme « grand projet de renouveau ». Devant les 121 membres de l'instance exécutive, M. Belkhadem a rassuré que le parti est en train de « se redéployer en se dirigeant vers l'épanouissement ». Pour ce faire, il a estimé qu'il est nécessaire de changer les pratiques au sein du parti de sorte à répondre aux aspirations des citoyens. Il a exhorté aussi les cadres militants à ouvrir les portes du FLN aux jeunes et aux femmes qui veulent y adhérer. Dans la foulée, il a évoqué le lancement prochain d'une campagne pour l'adhésion en préparation à l'établissement des listes de candidature aux élections locales et législatives à la fin de l'année. Cette opération sera précédée du renouvellement des instances de la base (kasmas et mouhafadhas). En outre, les membres du secrétariat exécutif ont été désignés lors de la session d'hier. Il s'agit du fameux groupe des cinq, à savoir Abdelaziz Belkhadem, Saïd Bouhadja, Amar Saïdani, Abdelkrim Abada et Salah Goudjil, auxquels on a ajouté Amar Tou et Abdelkader Bounekraf. Le comité exécutif a également adopté le règlement intérieur qui balisera l'activité du parti ainsi que la déclaration de politique générale dont l'essentiel du vocabulaire de ses rédacteurs s'est concentré sur la réconciliation nationale et l'amnistie générale, suivi d'un petit jet sur l'Alliance présidentielle. Il reste maintenant au parti d'installer les cinq commissions relatives aux finances, à la discipline, aux élus, à la formation politique et au contrôle et à l'évaluation. La première session du conseil national se tiendra en juillet prochain, suivie de l'université d'été du parti.