Pendant que les tractations engagées entre la direction générale du complexe et la section syndicale, en avril dernier, sur un autre « dégraissement » des ressources humaines à hauteur de 800 salariés sont au point mort, 2 000 tracteurs, commandés au profit des agriculteurs par la Salem, une mutuelle agricole, sont chroniquement et impeccablement parqués dans l'aire de pré-vente du complexe. Cet état de fait dure depuis que leur production a été actionnée suite à la décision prise en conseil du gouvernement par le premier ministre pour faire aboutir une double mesure, avançait-on alors : accélérer d'une part le dispositif de soutien aux agriculteurs, et d'autre part éviter une autre « hémorragie » d'effectifs à cette entité économique qui, durant les années 1980, comptait plus de 4 000 salariés dont il ne reste, à ce jour, guère plus de 1 000, le différentiel ayant été libéré au nom de la sacro-sainte restructuration des entreprises restée, hélas, au milieu du gué. Aujourd'hui, en usant d'une litote, nous pouvons dire que la situation du CMT n'est pas reluisante. La Salem, qui compte plusieurs banques parmi ses actionnaires, semble se désintéresser de la mesure préconisée par le premier ministre de faire écouler la commande des 2 000 tracteurs aux agriculteurs sous la formule leasing, système de financement du matériel par location, et se défend d'être à l'origine des difficultés financières actuelles du complexe. Son président avance, quant à lui, la qualité du produit « Cirta » qui n'est plus compétitive, tant le rapport qualité-prix connaît une dénivellation plus qu'évidente. Du coup, après cette désaffection, 1 200 salariés risquent, à court terme, de connaître les affres du chômage, car le complexe carbure à découvert bancaire, avec des taux d'intérêt risquant de dépasser la marge bénéficiaire pratiquée, si tant est que la quantité de tracteurs, déjà prête à la vente, puisse un jour trouver preneur. Mais ce qui est en outre le plus saisissant et aux confins de l'absurde, c'est que le CMT de Oued H'mimime est la seule entité économique de cette envergure et d'une vocation aussi stratégique qui ne commercialise pas elle-même son produit. C'est un autre organisme, n'étant même pas une filiale du CMT, mais une entreprise à part entière, l'ONAMA en l'espèce, qui se charge de le faire. Celle-ci a dans son ardoise plusieurs milliards de dettes, fruit des ventes de tracteurs effectuées au profit du CMT, sans que les sommes ne lui aient été reversées. En attendant que ce sac d'embrouilles puisse trouver une issue, les primes des travailleurs, nous dit-on, ont été passées ce mois-ci à la moulinette, et des mesures plus drastiques sont par ailleurs envisagées, si le gouvernement ne sent pas cette obligation morale de corriger son erreur d'appréciation commise en août 2006.