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Point de vue : Un dessin sans dessein
Publié dans El Watan le 11 - 11 - 2007

Alger et sa baie ont historiquement attiré les grandes signatures de l'architecture moderne. Sans être exhaustif, Buchemal y a inventé l'architecture néo-mauresque. Le Corbusier y a bâti une théorie d'urbanisme dans les années 1930.
Rolant Simounet a revisité La Casbah et l'architecture vernaculaire alors qu'Oscar Niemeyer y a proposé de « révolutionner la révolution ». La Grande Mosquée d'Alger est un sujet de brûlante actualité. Il a fait l'objet d'une consultation internationale qui vient de recevoir 17 offres. L'ouverture des plis a eu lieu et le jury a classé les réponses. Le président de la République devrait s'exprimer ces jours-ci sur le sujet. Les dimensions philosophique, politique et sociologique sont fondamentales dans ce type de programme. Sur l'opportunité, il n'y a rien à dire. Cela relève des prérogatives des hommes politiques, et ils sont dans leur rôle. Mais avec une capacité de 120 000 fidèles, la mosquée devient un programme complexe dans lequel on prie, on apprend, on éduque, on se recueille, et à partir duquel on fait rayonner ce que l'on y a appris. Le complexe devient d'échelle internationale et il est donc prioritaire de définir précisément le contenu avant que les architectes n'imaginent le contenant. C'est de l'adéquation entre le fond et la forme que naîtra l'idée de génie. Le management d'une opération de cette taille doit aussi procéder des outils modernes de préparation, de montage et de gestion d'opération, notamment dans les premières phases de définition. Une question mal posée obtient fatalement une réponse erronée. 17 rendues seulement pour la réalisation de la 3e plus grande mosquée jamais construite dans l'histoire de l'humanité sur l'un des sites les plus convoités par les architectes : la baie d'Alger. A titre de comparaison, un concours pour un opéra à Paris, ou pour l'aménagement d'une cour du musée du Louvre a suscité plusieurs centaines de réponses dont les plus grandes signatures de l'architecture contemporaine. Que s'est-il alors passé à Alger ?
1- L'absence de dessein
Le cahier des charges ne recèle pas de texte fondateur. Le texte fondateur est l'indispensable définition philosophique de l'objet du concours. Il est la réflexion de fond, en amont du projet d'architecture. La réponse architecturale attendue doit être la plus proche possible d'un besoin conscient et clairement exprimé. Or, nulle part, la mosquée n'a été définie. Contenant sans contenu, La Grande Mosquée d'Alger devra très probablement se résoudre à s'inscrire dans une prouesse d'ingénierie offerte à n'importe quelle forme d'Islam.
2- Une procédure pervertie :
Les concours internationaux d'architecture et d'urbanisme ont été codifiés par la conférence générale de l'organisation des Nations unies en sa neuvième session à New Delhi le 5 décembre 1956 - article II. Cette procédure n'a pas été adoptée. La procédure nationale a été utilisée pour la forme, et dévoyée dans le fond. Dans un premier temps, un assistant à maîtrise d'ouvrage (conseil du client) d'envergure internationale a été sélectionné pour permettre la mise en place d'instruments méthodologiques modernes et garantir le succès du projet. Le Canadien Dessau Soprin apportera son savoir-faire au client pour une prise en charge sérieuse de l'opération par des professionnels expérimentés. Notre corporation a salué ce premier acte. Un programme digne de ce nom allait se mettre en place et les réponses allaient être aussi nombreuses que fameuses.
L'établissement public Anrgma, nouvellement créé, a fait le choix de ne pas inviter son assistant canadien ; il a préféré instruire, par ses propres moyens, la consultation, le mode de concours, le cahier des charges, la procédure de consultation, les critères de sélection et l'analyse des offres. Résultat : -La consultation n'est ni un concours d'idées ni une consultation restreinte. Elle ne correspond à aucun texte de loi. -Le cahier des charges tient en quelques pages hors formulaires et contrats-types. -La notion inédite d'entité spécialisée a été introduite dans les ayants droit au concours en totale violation de la loi. -Un jury de 45 personnalités a été désigné dont une infime minorité de maîtres d'œuvre (architectes inscrits et ayant des références construites).
L'assistant à maîtrise d'ouvrage retenu (le canadien Dessau Soprin), notamment pour ses compétences techniques ne figure pas parmi le jury.
Le système de notation imposé au jury est incohérent.
La capacité financière démesurée imposée aux architectes concurrents est le premier critère de sélection, d'où :
99,99 des architectes nationaux ont été exclus de la compétiton. Pour finir, la mission qui sera confiée ultérieurement au lauréat est réduite au dépôt d'un permis de construire. L'entreprise de réalisation retenue, plus tard, achèvera les études à sa convenance, sans l'architecte. L'Ordre national des architectes algériens (onaa) a protesté officiellement et n'a reçu aucune réponse.
3- Le programme :
Le programme est censé être la définition qualitative et quantitative des besoins du projet, exprimés par le client. Plus la question est vague, moins la réponse est précise. Dans la pratique, nous n'avons que quelques pages de programme. Par conséquent, les offres ne peuvent être comparables, et le budget ne peut être qu'aléatoire. Le cahier des charges se contente en quelques lignes de décrire les contours et l'organisation d'un projet déjà circonscrit dans une image. Il y est prévu entre autres un minaret de 350 m de haut. Qui a décidé des 350 m ? Pourquoi consulter des architectes quand on a des réponses aussi précises à des questions jamais posées ? Les sous-programmes aux surfaces imprécises sont listés entre des points de suspensions et des et caetera.
Aucune information sur les conditions de sécurité et sûreté. - Aucune information sur la surface globale, donc sur la taille effective du projet. - Toutes les questions liées à l'insertion de la mosquée dans la ville et le paysage de la baie ont été occultées. S'il fallait injecter un peu d'ordre, il faudrait commencer par réfléchir à bâtir à l'endroit :
1 - Formuler un texte fondateur.
2 - Missionner l'assistant à maîtrise d'ouvrage canadien qui a été sélectionné pour définir un programme qualitatif et quantitatif lourd, à la mesure de l'opération, et proposer une méthodologie du niveau d'un concours international.
3 - Définir et inscrire un budget à partir de ce programme afin de rendre comparables les offres.
4 - Rendre publiques, en amont, la liste et les références du jury afin de garantir la crédibilité de l'opération pour les opérateurs nationaux et internationaux.
5 - Définir un état réel des contraintes urbanistiques et environnementales.
6 - Se conformer aux pratiques internationales pour s'assurer un meilleur taux de réponses.
7 - Ouvrir le concours à une participation la plus large possible. L'Islam est une religion universelle. La 3e plus grande mosquée du monde se retrouve entre les mains de l'Algérie. Cette responsabilité ne saurait tolérer aucune faiblesse ni approximation. Le débat et la compétition se sont déroulés à huis clos. Absents, exclus, resterons-nous condamnés à léguer à l'Histoire cet incontournable « dessin sans dessein » ?
(*) Prix du président de la République 1999 Prix national d'architecture 2004
(**) 1er Prix Tony Garnier - Paris 1990 Médaillé de l'Académie française d'architecture 1er Prix constructique - Paris 1993
Mohamed Abdel-Halim Faïdi, Mohamed-Larbi Merhoum


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