Tous peuvent s'y reconnaître : la représentation du Fils du pauvre de Mouloud Feraoun, par la troupe de théâtre du grabuge au Centre culturel français (CCF), fut un régal. Bien qu'adulte depuis longtemps, une partie du public, à qui on a demandé de participer activement au spectacle, s'est reconnue dans le personnage. La « passerelle » installée entre les spectateurs et la troupe a été une totale réussite. Salah Gaou, un des éléments du groupe des trémolos dans la voix, rappelle que l'idée de ce travail a germé lorsqu'il a rencontré le fils de Fouroulou des Aït Chaâbane, un narrateur dont il garde toujours l'image d'une personne à l'éternelle jeunesse. Cette rencontre sera l'occasion d'un travail entre le fils et cette troupe dans laquelle on peut trouver, en plus du chanteur, deux comédiens professionnels et un musicien algérois Zami qui ont tous rendu hommage à une vie dévouée à l'éducation. L'histoire de Menrad a été celle de tout un chacun. Le texte salué par la critique et qui a eu le prix du roman populiste, a été décortiqué par la troupe qui en a fait sortir 7 chapitres. Ces épisodes retracent le cursus de Feraoun et de Tizi Ouzou sa ville, son éveil à la vie, sa sensibilité aux souffrances des siens ou encore les privations subies jusqu'à son départ pour Tizi. Après la lecture des textes par différentes associations participant à ce travail, succédera un des participants qui parlera de son expérience personnelle avec Fouroulou. Le public a apprécié cet exercice et y a adhéré de bon cœur. Tizi Hibel redeviendra l'espace d'une représentation, le point de chute de tout un chacun. L'équipe du Théâtre du Grabuge propose des ateliers de théâtre, d'écriture et de chant qui s'adressent aux associations locales. Ces ateliers aboutiront, espère-t-elle, à la création d'une passerelle, de lectures musicale et théâtrale interprétées par les participants aux ateliers et à l'équipe de Lyon. SOS Bab El Oued, les étudiants de l'Ismas de Bordj El Kiffan, l'association Tarwa de Fadhma N'Soumer, des conteurs d'Alger participeront à la découverte d'une œuvre intemporelle. Feraoun, qui a souffert des critiques acerbes des siens qui voyaient en lui un « metourni », réussira à les réunir après sa mort tragique.