La compagnie Théâtre du Grabuge de France a donné, mardi dernier, un spectacle à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Le spectacle consiste en la représentation de la lecture participative du roman “Le fils du pauvre” de Mouloud Feraoun. C'est une forme de théâtre nouvelle : des comédiens partagent des moments de lecture avec des lecteurs improvisés autour du roman de Feraoun, Le fils du pauvre. Cela donne un spectacle haut en couleur intitulé Passerelles Fouroulou. La trame du roman est ainsi résumée en sept épisodes que les lecteurs, choisis parmi le public exécutent avec brio dans des lectures interactives. Les épisodes qui recoupent la thématique de Fouroulou sont entrecoupés par des chants de l'artiste Salah Gaoua repris en chœur par le public plus que jamais complice. Les lectures sont faites par des équipes choisies en ateliers parmi le public sous la houlette des quatre artistes de la compagnie Théâtre du Grabuge de France. Les lectures ont été entonnées par des étudiants en langue française de l'université de Tizi Ouzou, des adhérents des associations Aghbalou, Amusnaw, Nedjma et des enfants de Tizi Hibel, village natal de Mouloud Feraoun. Le tout sur un fond musical exécuté avec doigté par Philippe Gordiani qui fait pleurer son luth. C'est quoi Passerelles Fouroulou ? Il s'agit d'une lecture musicale participative conçue par trois artistes, Salah Gaoua, Sylvain Bolle-Reddat et Magali Bonat. La mise en scène est assurée par Géraldine Bénichou, directrice artistique de la compagnie Théâtre du Grabuge. L'idée de ces lectures plurielles est née autour de Fouroulou, personnage autobiographique du roman Le fils du pauvre. Les comédiens du Théâtre du Grabuge proposent des ateliers de théâtre, écriture et chant, qui s'adressent au public. Ces ateliers aboutissent à la création de deux passerelles entre public algérien et comédiens français érigées par des lectures musicales et théâtrales. Cette forme théâtrale est appelée “théâtre sans murs”. Les passerelles créées par la compagnie du théâtre sont nées de rencontres artistiques ; elles sont conçues comme des expérimentations artistiques qui épousent les réalités du temps présent. Fondée en 1996, la compagnie Théâtre du Grabuge de Lyon est un instrument de création théâtrale et musicale partagée. Ses projets sont nés du dialogue avec les diversités sociales et culturelles. Géraldine Bénichou qui s'occupe de la mise en scène explore toujours le labyrinthe du nouveau théâtre. Elle est à la recherche “d'un théâtre épique et intime où se tissent chant, musique et texte”. Originaire de Ouaguenoun en Kabylie, Salah Gaoua, artiste associé du TDG (Théâtre du Grabuge) assume son art résolument engagé. Les chants de cet émigré qui entrecoupent les lectures interactives donnent la chair de poule et appellent des moments de remise en cause. La compagnie TDG a déjà à son actif plusieurs spectacles, entre autres, Ulysse et moi, Avignon 2009, Hommage à Lili Boniche, El Ghorba, etc. La compagnie compte rééditer l'hommage à Lili Boniche à Alger d'ici la fin du mois en cours. Tous ces spectacles se tiennent avec le soutien de la ville de Lyon, Cultures France et le CCF d'Alger, partenaires de la compagnie Théâtre du Grabuge.