« Il est inconcevable que les 30 ou 40, ou même 50 milliards de dinars déboursés pour la construction d'un barrage deviennent des dépenses inutiles à cause d'un manque de compétence de certains ou d'une gestion hasardeuse des différentes unités. Il s'agit tout de même de la sécurité des citoyens », dira le ministre. Un véritable constat d'échec a été dressé hier par le premier responsable des ressources en eau face aux chefs d'exploitation des 59 barrages que compte le pays. Abdelmalek Sellal pousse la colère jusqu'à accuser les gestionnaires de l'Agence nationale des barrages de tomber sous la coupe du trabendo et d'avoir l'esprit ailleurs que dans la vraie gestion des problèmes du secteur. « Je ne suis pas content de ce qui se trame dans l'actuelle gestion des barrages, même le mot barrage a été dévié de son sens. Il faut que cela change et qu'un nouveau système de gestion soit installé », souligne le ministre. Dans une longue diatribe, M. Sellal lance qu'il n'est plus question de continuer à voir les barrages comme des lieux de villégiature ou de café maure, où les exploitants n'ont pour unique tâche que d'ouvrir ou de fermer les vannes. « Il est inconcevable que les 30 ou 40, ou même 50 milliards de dinars déboursés pour la construction d'un barrage deviennent des dépenses inutiles à cause d'un manque de compétence de certains ou d'une gestion hasardeuse des différentes unités. Il s'agit tout de même de la sécurité des citoyens », renchérit-il, en fustigeant le manque d'encadrement qualifié au niveau des 59 barrages existants. Annonçant l'application d'un nouveau système de gestion à partir de l'année 2008, M. Sellal a réuni pour la première fois les chefs d'exploitation des 59 barrages afin de les informer de la nouvelle feuille de route du secteur. Entre autres mesures, cette feuille de route prévoit de doter chaque barrage d'un budget de fonctionnement afin d'autonomiser la gestion au niveau local et de répondre aux besoins immédiats des différentes structures. « Je ne veux plus entendre parler d'une structure qui s'en remet à la direction générale même pour le changement d'une simple ampoule », dira M. Sellal en plaidant pour une classification des barrages selon leur importance. Pour rappel, le DG de l'ANB avait été démis de ses fonctions tout récemment. Evoquant une étude réalisée en 2005 avec l'assistance d'EDF sur l'état des barrages en Algérie, le premier responsable du département des ressources hydriques indique que sa conclusion a été d'inciter une complète mise à niveau des structures et de leur encadrement. « Certains de nos barrages sont vieillissants et la maintenance ne se fait pas, il est utile de remettre à jour cette étude afin d'éviter toute mauvaise surprise », précise M. Sellal, en notant que l'encadrement au niveau des barrages sera renforcé par la présence d'ingénieurs qualifiés chargés de suivre l'auscultation des ouvrages. « Désormais, je ne veux plus entendre parler de l'appellation tiers-mondiste de chef d'exploitation, mais de directeur de barrage, et un cycle de formation sera dispensé à tous les agents pour un meilleur rendement et une efficacité optimum. » M. Sellal promet une révision de la grille des salaires de tous les effectifs, avec comme condition une obligation de résultats. Le ministre plaidera en outre pour la protection des rives des barrages. « On ne gère pas un barrage comme une piscine, nous allons mettre les moyens pour moderniser et informatiser les modes de gestion. J'appelle à un sursaut de l'Anbt », souligne le même responsable. A noter que le secteur des ressources en eau compte 59 barrages, et envisage d'en acquérir 13 autres d'ici l'année 2009. 27 autres barrages sont en cours d'études pour se voir concrétiser au cours du prochain quinquennat. 44% de taux de remplissage actuel Le niveau de remplissage des barrages est arrivé aujourd'hui à plus de 44%, soit un taux meilleur que celui enregistré l'année dernière durant la même période. M. Sellal promet que si ce taux atteindra en décembre un niveau de 55%, le temps de distribution de l'eau se verra améliorer. Ceci en notant que la sécurité des travailleurs étrangers dans les zones de barrage est très bien assurée. « Il n'y a aucune crainte de Beni Haroun » Parmi les projets de barrages que compte le secteur, celui de Beni Haroun est particulier par son gigantisme. Devant desservir six wilayas, ce projet a longuement fait couler de l'encre sur son système de sécurité. M. Sellal a tenu à apporter son démenti à ces dires et affirme que ce barrage ne présente aucun souci de sécurité sur les riverains. « L'unique lacune réside dans une petite fuite d'eau dont nous tentons de trouver le cours. Afin d'engager ensuite notre objectif de remplir ce barrage jusqu'à un seuil de 600 millions m3 d'eau l'année prochaine, et arriver à terme à 950 millions m3 », dira-t-il, en notant que de grands experts internationaux ont été mis à contribution dans cette entreprise.