Le sommet italo-algérien, qui s'est tenu mercredi passé en Sardaigne, en présence du président de la République Bouteflika et du président du Conseil italien Romano Prodi, a été l'occasion pour le chef de la diplomatie italienne de passer en revue les questions internationales autour desquelles la convergence de la position de Rome et celle d'Alger est plus qu'établie. Alghero (Sardaigne) : De notre envoyée spéciale Et si l'Italie ne cesse de revendiquer un rôle stratégique de pays catalyseur entre les autres membres de l'Union européenne et les pays de la rive sud de la Méditerranée, elle ne rejette pas a priori la récente proposition lancée par le président français, Nicolas Sarkozy, concernant la fondation de l'union de la Méditerranée. A une question d'El Watan sur ce projet français, D'Alema a une réponse prudente : « Nous sommes pour instaurer un dialogue, afin de mieux définir le sens de cette proposition. Et d'ailleurs, on a déjà institué un groupe de travail commun avec l'Espagne et la France pour réfléchir ensemble aux modalités pour instaurer un dialogue constant avec les grands pays du sud de la Méditerranée. » D'Alema nous explique, que l'Italie « n'est pas contraire, en ligne de principe, à tout ce qui peut renforcer la coopération méditerranéenne. au contraire, on estime que c'est une nécessité. Cela dit, nous avons mis l'accent sur deux points essentiels. D'abord la nécessité de donner un caractère concret à ce projet, au vu des expériences qui sont encore en cours, et qui ne sont pas seulement de caractère bilatéral, comme le groupe des 5+5. Deuxièmement, nous tenons à l'implication de l'Union européenne parce qu'une politique méditerranéenne, qui n'entraîne pas dans son giron l'Ue avec ses institutions financières et avec ses politiques, risque de n'être qu'une politique méditerranéenne mutilée et stérile. » D'Alema pousse encore plus loin son franc-parler : « A ce stade, on en est encore à l'examen de tout ces aspects. Et en vérité, il n'y pas encore eu de proposition française clairement formulée. Il s'agit d'une suggestion qui comme telle, nous trouve participatifs et non contraires. En ce qui nous concerne, le plus important est que cette initiative ne vienne pas parachutée par le Nord, et imposée au sud, mais qu'elle soit partagée, dans son élaboration, par les grands pays du sud. Prenons le temps qu'il faut parce que Sarkozy a parlé de juin 2000 ; et je crois que d'ici là, on sera en mesure de définir un projet concret et partagé, ambitieux, mais réaliste. » Concernant le conflit au Sahara occidental, le ministre des Affaires étrangères, Massimo D'Alema, a précisé que ce thème reste très présent dans la politique étrangère de l'Italie, ajoutant que son gouvernement plaide pour une « solidarité avec le peuple sahraoui » et « l'instauration d'un dialogue direct entre le Maroc et le front Polisario ». D'Alema explique en outre que « notre souhait est que ce dialogue porte à la solution d'un conflit qui dure ». Le chef de la diplomatie italienne a souligné « le rôle actif de l'Algérie, pays observateur dans les pourparlers, sous l'égide des Nations unies. L'Algérie est le pays concerné, car il partage des frontières avec le Maroc, et c'est le pays où les réfugiés sahraouis ont trouvé refuge ». Et D'Alema de conclure qu'italiens et algériens sont pour « une solution pacifique qui respecte les droits de ce peuple (sahraoui) ». D'Alema s'est montré également très reconnaissant à l'appui algérien au moratoire pour l'abrogation de la peine de mort dans le monde, que l'Italie a réussi à imposer en Assemblée générale, recevant, jeudi, 99 votes favorables, soit deux de plus que la majorité absolue requise. Le ministre des Affaires étrangères avait souhaité, mercredi à Alghero, « bonne chance » à son homologue D'Alema, et il semble que son vœu se soit réalisé. Cela faisait 13 ans que l'Italie, et surtout le ministre D'Alema, déjà du temps du premier gouvernement Prodi, ensuite le sien lorsqu'il assuma l'intérim, luttait pour cet objectif. Enfin, la coopération italo-algérienne devrait trouver un nouveau souffle lors de la prochaine réunion de la Commission mixte qui se tiendra vers la mi-janvier 2008. En attendant, l'Algérie a promis d'appuyer la candidature de Milan pour l'organisation de l'Exposition universelle de 2015, alors que Rome a reconfirmé son soutien à l'Algérie pour son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce.