L'Aïd n'a pas été joyeux pour toutes les familles à Constantine. Celles de Djenan Ezzitoun, précisément celles habitant l'immeuble 20, ont été bloquées par les eaux des pluies et privées de sortir et de recevoir les visites. Les enfants ont dû célébrer cette journée dans la tristesse du haut de leurs balcons. Le premier niveau de cet immeuble donne, en effet, sur une cuvette dont les avaloirs sont obstrués depuis longtemps. A chaque fois que la ville enregistre des précipitations importantes, la conséquence est la même : tout ce terrain de près de 80 m de long est rempli et les habitants du rez-de-chaussée sont isolés. Cette fois-ci, même le camion hydrocureur de la commune n'a pas réussi son intervention. Les choses ont été compliquées par un phénomène inédit car les eaux se sont mélangées avec les huiles usées. Une véritable mare noire et graisseuse s'est formée dès la nuit du samedi à dimanche, provoquée par une fuite probable dans une station de lavage située à quelques centaines de mètres plus loin. Ce scénario est devenu une habitude dans les quartiers de Constantine. Les mêmes causes engendrent les mêmes effets à chaque intempérie et c'est le problème d'assainissement qui revient à l'actualité. Encore une fois, l'assainissement a fait défaut... A El Guemmas, les travaux destinés à la réfection du réseau d'assainissement traînent au point de devenir un véritable calvaire pour la population. La pluie a charrié le gravier couvrant les tranchées creusées dans les rues jusqu'au bas du quartier à l'intersection avec la cité Riad et la sortie vers la ville créant un véritable désagrément notamment pour les automobilistes. Aucune intervention n'a été enregistrée ici obligeant la population à vivre dans la difficulté. A Djenan Ezzitoun, on devra également attendre que la mare sèche avec le temps. De tels problèmes sont signalés aussi à Bab el Kantara, à Filali et à la cité Boudraâ Salah et la liste est plus longue. Les autorités, sans doute débordées par l'ampleur des dégâts, concentrent leurs efforts sur l'évacuation des familles menacées par l'effondrement de leurs maisons notamment celles installées sur les berges du Oued Boumerzoug et celles habitant Souika. Cette année, le bilan des intempéries n'a enregistré aucune perte humaine à Constantine. Faut-il rappeler, cependant, que le véritable hiver n'a pas encore commencé alors que les travaux de curage effectués au début de l'automne ont déjà révélé leurs limites. Les inondations, les débordements et leurs fâcheuses conséquences sont encore à craindre et appellent à revoir de fond en comble le réseau d'assainissement de la ville.