Le pari de Kebir Ammi ressemble à un défi. Que dire sur saint Augustin qui n'a pas été maintes fois écrit et consigné ? La vie de l'enfant de Thagaste ne recèle plus de secrets depuis fort longtemps. Exégètes, romanciers et poètes en avaient disséqué l'œuvre et l'homme. Kebir Ammi a opté pour l'imaginaire. Suivre les pas de son personnage. Et celui de sa mère, Monique, sanctifiée plus tard. Il s'attache à ses traces, vivantes ou disparues. C'est plus une évocation poétique des lieux qui ont vu passer le premier philosophe chrétien qu'une biographie exhaustive, classique. Il fait parler les pierres et les arbres, il donne vie à Monique, pour saisir un passé forcément inoublié. C'est la grande originalité de ce livre (éditions de la Renaissance). Mélanger le passé et le présent, sans confusion, dans un incessant va-et-vient. Si les pierres pouvaient, elles raconteraient fidèlement les émois, les doutes et la sagesse du prêtre d'Hippone, actuelle Annaba. Kebir Ammi a décidé que c'était possible. Que les pierres parlent. Les paysages et les arbres aussi. Vérité et poésie Que l'on ne s'y trompe pas : si ce livre se veut volontairement poétique, il n'en demeure pas moins qu'il se repose sur des faits véridiques. Si les sentiments de Monique tout comme les sensations de saint Augustin semblent plus sortis de l'imaginaire de l'auteur que de la vérité historique, il n'en est rien souvent. L'enfant de Souk Ahras n'avait jamais caché qu'il était un homme avant d'être un prêtre. Qu'il était turbulent et ambitieux, qu'il aimait s'amuser, avant de rencontrer Dieu. Kebir Ammi s'est bien documenté avant de se lancer dans cette aventure littéraire et mélodique. Le principe est simple : revisiter avec les yeux d'aujourd'hui les lieux où a vécu saint Augustin, il y a plusieurs siècles. Sur les pas de saint Augustin se lit agréablement, comme un roman didactique. On n'y découvre pas de grandes révélations ni même la pensée du philosophe algérien mais ce n'est pas l'objectif du livre. C'est un voyage en Méditerranée. En bonne compagnie.