La fermeture de l'entreprise nationale de distribution de chaussures, Districh, est inéluctable et devrait intervenir d'ici la fin de l'année, nous a affirmé hier le président-directeur général de la maison mère Leather Industry, M. Zaouidi. La décision de dissoudre Districh obéit à des considérations purement économiques, a-t-il assuré. Il a indiqué toutefois que « le dernier mot revient aux travailleurs ». « Il y a beaucoup d'incompréhension », a-t-il ajouté. D'ailleurs, il affirme attendre les résultats des assemblées générales des sections syndicales régionales avant de reprendre les discussions avec le partenaire social. « L'entreprise est en faillite depuis une dizaine d'années. Elle n'a pas de perspectives. Son actif net est négatif et elle a perdu sa viabilité économique. Nous ne pouvons plus assurer les salaires ni payer les fournisseurs et les charges fiscales et parafiscales. Dans un tel cas de figure, selon les dispositions du code de commerce, on doit déclarer faillite », a-t-il relevé tout en indiquant que la décision s'inscrit également dans le cadre du désengagement de l'Etat de la sphère économique, dont le secteur de la distribution. Le maintien de l'activité de Districh nécessite une recapitalisation du principal actionnaire, a-t-il poursuivi. Or, ce dernier n'a pas les moyens d'une telle opération, a-t-il soutenu. D'après lui, la plupart des travailleurs sont conscients de la situation peu reluisante de leur entreprise et ont exprimé le vœu de la quitter selon la formule de départ volontaire. Pour ce qui est de la proposition des travailleurs de leur céder les fonds de commerce en gérance libre, ce responsable souligne qu'une telle mesure ne peut être appliquée étant donné que les locaux appartiennent à la wilaya et aux OPGI et que les Domaines s'opposent à leur désistement. « Ce ne sont pas nos biens et puis quand bien même ça serait envisagé, nous avons 60 magasins pour 300 travailleurs. A qui allons-nous les donner ? », note-t-il. Pour lui, la priorité est « d'assurer une sortie honorable aux travailleurs ». Ces derniers languissent de voir leurs revendications prises en compte par la société mère, le groupe Leather Industry. Ils dénoncent le fait de ne pas avoir été associés dans la prise de décision concernant l'avenir de leur entreprise et refusent d'être mis devant le fait accompli. « Tout est fait dans la précipitation et l'opacité totale. Ils veulent nous remettre des chèques et ils nous ont dit de déguerpir », fulmine un membre du syndicat qui a requis l'anonymat. Ils s'opposent à l'option de la dissolution de leur entreprise. Ils font valoir leur droit de préemption pour reprendre l'activité, garanti par la loi, selon eux. « Nous ne demandons que l'application des dispositions relatives à la privatisation contenues dans la résolution n°08/2004 du 2 août 2000 du Conseil des participations de l'Etat (CPE) et du décret exécutif n°01-353 du 10 novembre 2001 définissant les conditions et modalités de reprise d'une entreprise publique économique par ses salariés », souligne-t-il. Ils s'interrogent sur le revirement de la position de la direction générale du groupe Leather Industry qui avait promis « une réorganisation de l'entreprise en vue de son maintien » avant de signifier aux travailleurs la décision de procéder « au démantèlement » pur et simple du réseau de magasins de Districh.