Les jours de l'entreprise de distribution de la chaussure (Districh) sont comptés et la liquidation de cette filiale du groupe public Leather Industry serait imminente. Cette entreprise n'est pas la seule à connaître de sérieuses difficultés pour pérenniser son outil de production. C'est en effet tout le secteur des cuirs qui est complètement déstructuré, a indiqué hier Mohand Zouggar, président-directeur général de la filiale Maroquinerie, Vêtements Label Cuir (MVL-Cuir), qui était invité par l'Union générale des commerçants et artisans algériens à faire l'état des lieux du secteur. Il n'emploie plus que 4000 personnes actuellement, alors que son effectif en 1997 était de 12 000 employés. Le secteur des cuirs a été mis à terre par la concurrence déloyale des produits contrefaits importés notamment de Chine et écoulés dans le marché informel. Le groupe public Leather Industry a déjà procédé à la fermeture d'une dizaine d'unités des 20 qu'il compte, dont la dernière en date est la société de collecte des peaux (Socop). Il réussit à survivre grâce aux marchés institutionnels, tels que les équipements et les articles pour la police ou la Gendarmerie nationale. « Le taux d'utilisation des capacités installées est à 60% pour les filières tanneries-mégisseries et 20% pour les filières manufacturières, et ce, aussi bien dans le secteur privé que public », a souligné M. Zouggar. MVL-Cuir espère pouvoir échapper au sort des autres filiales qui ont mis la clé sous le paillasson grâce au processus de privatisation en cours. Un opérateur privé algérien a été le seul à soumissionner pour la reprendre. Elle est en attente d'une décision du Conseil des participations de l'Etat. En attendant, elle se trouve confrontée à une forte concurrence qui, selon M. Zouggar, ne s'encombre pas des nombreuses contraintes administratives imposées à elle. « La plupart de ceux qui viennent acheter à notre niveau exigent de nous de leur vendre sans facture afin d'échapper au fisc. Or nous ne pouvons pas fonctionner ainsi. Alors ils se tournent vers les privés », déplorera M. Zouggar. Il dénoncera en outre l'existence « d'ateliers privés qui exercent dans une totale clandestinité et qui sont concentrés dans les régions de Médéa, Tlemcen et Alger ». L'entreprise a également du mal à s'approvisionner en matières premières en raison de l'exportation des peaux brutes. « Du fait de la non-interdiction des exportations de peaux brutes (mesure instaurée en 1973 et levée en 2000), les prix et les gains en devises sur cette matière première stratégique restent attractifs pour nombre de spéculateurs et fraudeurs aux frontières », signalera le conférencier.