Quelques centaines d'étudiants de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa ont marché hier dans les rues de la ville pour crier leur ras-le-bol des mauvaises conditions qui prévalent dans les cités universitaires qui les hébergent. Avant de se rassembler devant le siège de la wilaya, un groupe de protestataires a déversé sa colère sur les locaux de la direction des œuvres universitaires, situé dans le quartier de Aâmriw, par lequel ils ont fait un crochet dévastateur. Les bureaux de la directrice et ceux des traitements et de la direction des ressources humaines ont été mis sens dessus dessous. Matériel informatique et mobilier de bureau saccagés et documents administratives déchirés. Une plainte a été déposée et la directrice des œuvres universitaires, Mme Baouche, crie à la manipulation. « La marche devait se faire vers le campus d'Aboudaou pour soutenir les étudiants exclus qui sont en grève de la faim. Elle a été détournée vers la direction des œuvres universitaires (DOU). Nous n'avons pas reçu de plateforme de revendications et personne n'a demandé à discuter avec l'administration », nous a-telle dit. Les étudiants protestataires, dont une majorité de résidents de la nouvelle cité universitaire de la Pépinière, se sont rassemblés devant le siège de la wilaya pour des prises de parole. Le discours radical, ils ne revendiquent rien moins que le départ de Mme Baouche qui bouclera en janvier prochain une année d'exercice à la tête de la DOU. « Nous souffrons de tout : de la mauvaise restauration, du manque de chambres, de la surcharge dans les cités U, du problème de transport... Nous sommes fatigués de cette situation, la DOU dit que rien ne nous manque, c'est faux », lance au micro un résident de la nouvelle cité U la Pépinière. Non fonctionnel faute d'équipements (le groupe cuisson devant venir d'Alger), le restaurant de cette cité assure des repas froids depuis quelques jours, une solution « d'appoint » sur demande des résidents, selon l'administration, pour les étudiants qui continuent de fréquenter les restaurants universitaires des cités voisines. « Nous avons bloqué pendant deux mois l'administration et nous croyions avoir réglé nos problèmes. La situation se dégrade », renchérit un autre étudiant. Pendant ce temps-là, la police a établi un rapport des incidents survenus dans le siège de la DOU et la première responsable de celle-ci, qui juge ces actes « impardonnables et condamnables », dit « ne pas se taire et aller jusqu'au bout ». D'où viendrait la manipulation qu'elle soupçonne ? « J'ai à maintes reprises rappelé à l'ordre la directrice de la cité Pépinière sur des actes de gestion et refusé l'élection d'un syndicaliste qui vient d'une autre cité universitaire. » Selon elle, si elle est visée par ce mouvement, c'est « parce que je ne me suis pas tue quand on a voulu faire des affaires », se défend-elle. « Le département des marchés n'a pas été touché par les actes de saccage », nous fait-elle remarquer pour étayer ses soupçons de manipulation déjà exprimés au sein de l'APW, faut-il le rappeler, à l'occasion d'une grève des transporteurs où elle a insinué que des étudiants « manipulés » empêchaient à chaque fois l'ouverture des soumissions pour le transport universitaire, d'où le recours à une ouverture des plis au siège de la DG de l'ONOU, à Alger.