Plusieurs dizaines d'ouvriers ont investi hier le siège de la direction générale du complexe de machinisme agricole (CMA) de Sidi Bel Abbès pour exiger le versement de sept mois d'arriérés de salaire. Les protestataires qui se sont rassemblés dans le calme devant le bureau du directeur général, M. Alloua, ont opté pour un arrêt de travail et menacé d'investir (aujourd'hui, ndlr) la rue pour faire aboutir leurs revendications salariales. Selon un groupe de travailleurs, le gel des salaires dure depuis plusieurs mois, alors que la production n'arrive pas à démarrer en raison de l'« incompétence » des gestionnaires. Dans les faits, ce sont plus de 400 ouvriers complètement « moissonnés » qui, las d'attendre les promesses de la SGP, sont passés à l'action revendicative depuis deux jours. Sit-in et arrêts de la production se sont multipliés depuis le début de la semaine. « La triple saignée induite par les dépenses de la rentrée scolaire, du mois sacré et de l'Aïd n'a pas fait fléchir les responsables de l'entreprise qui ne semblent se soucier guère de notre sort », s'emporte un technicien en mécanique. « Que sont devenues les promesses du gouvernement en matière de salaires impayés. Et l'on vient encore nous demander d'aller voter, ce n'est pas sérieux tout ça », s'élèvent des voix parmi le groupe d'ouvriers ayant assiégé le bureau du directeur. Pour de nombreux travailleurs, le départ du directeur et de son staff est la condition sine qua non pour préserver le climat social au sein du complexe. « Les gestionnaires poussent au pourrissement en bloquant la relance de la production, alors que de nombreuses opportunités s'offrent à l'entreprise », disent-ils, en citant entre autres le marché de rénovation de moissonneuses-batteuses proposé par un organisme financier privé et qui jusqu'à ce jour somnole au fond des tiroirs. « Déficitaire pourtant, le complexe de Constantine (CMT) a bénéficié de l'aide de l'Etat, chose qu'on refuse au CMA », explique un membre du comité de participation (CP) qui va jusqu'à dénoncer le « régionalisme » des responsables du secteur public économique. Du côté de la direction générale, l'on s'est refusé hier à toute déclaration. « M. Alloua vous dit qu'il ne peut pas vous rencontrer », nous informe froidement un agent de sécurité, d'un gabarit impressionnant. Mieux encore, l'accès à l'entreprise est interdit aux représentants des médias (tous supports confondus) depuis le mois d'octobre dernier, comme le prouve une note de service placardée à l'entrée de la direction générale. En tous les cas, hier les grévistes ont clamé qu'ils comptaient poursuivre leur mouvement et leurs actions jusqu'à la satisfaction de leurs revendications salariales.