La coordination des lycées techniques, regroupant essentiellement des enseignants du secondaire, a ouvert un débat, ces derniers jours, sur le devenir des lycées techniques, dont la moitié des filières a été, malheureusement, supprimée cette année. Un procédé entrant dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme du système éducatif. Lors d'une conférence de presse animée hier au siège du Snapap, les représentants de cette coordination ont affiché leur inquiétude face à cet état de fait. Selon eux, les lycées techniques et technicums au niveau national ont connu une réorganisation structurelle et programmatique, qui a eu pour conséquence immédiate une suppression de 50% des filières sans consultation des organisations syndicales d'enseignants et une diminution de la charge de travail en volume de 80% entraînant un sureffectif d'enseignants dans les lycées techniques. « Huit professeurs de technologie sur dix ingénieurs et licenciés seront en sureffectif, sans compter les chefs des travaux, les chefs d'atelier, les magasiniers et les techniciens supérieurs en maintenance », a expliqué M. Osmane. Les animateurs de la conférence sont convaincus que les implications de cette rénovation de l'enseignement technologique et technique sont tout simplement la disparition des lycées techniques. Remise en cause de l'option scientifique « Est-ce que les mesures appliquées par le ministère de l'Education nationale dans l'enseignement technologique sont efficaces pour le développement du savoir technologique et technique dont a besoin le pays ? », se sont interrogés les enseignants, qui se demandent, en outre, si un pays comme l'Algérie peut réduire l'offre pédagogique dans l'enseignement technologique, alors que dans le monde, ce type de savoir est considéré d'une importance capitale. Les enseignants, à l'unanimité, ont indiqué que cette restructuration remet en cause l'option scientifique et technique que l'Etat avait engagé auparavant. « Peut-on mettre en sureffectif des milliers d'enseignants du technique, un véritable capital, en jachère pour une réforme dont l'efficacité n'est pas du tout prouvée ? En procédant à la réduction des options au bac, la tutelle a créé un déséquilibre entre les savoirs technologiques et les savoirs académiques », affirment les enseignants. En effet, selon un enseignant, la restructuration des filières a débouché sur quatre options au baccalauréat, au lieu de dix. Cette réduction, explique-t-il, a entraîné une extinction des filières techniques industrielles (fabrication mécanique, travaux publics, électronique, électrotechnique, chimie et techniques comptables), une réduction du volume horaire empêchant l'acquisition des compétences techniques indispensables pour le pays, qui manque de techniciens et d'agents de maîtrise. Les enseignants en la matière rappellent l'utilité de l'enseignement technique et technologique dans la société. Ils diront que celui-ci est indispensable, entre autres, pour le recyclage des techniciens issus des entreprises et pour répondre aux besoins des investisseurs locaux et internationaux. En somme, les initiateurs du débat sur les lycées techniques estiment que le nouveau dispositif initié par la nouvelle réforme de l'éducation tend à diminuer le savoir technologique et professionnel dans les lycées techniques, pour leur substituer une formation polyvalente qui affaiblit le savoir hautement technologique. « La suppression de certaines disciplines et l'abandon du projet des lycées professionnels sont en contradiction avec la demande en formation pour les hautes qualifications, qui augmente plus vite que n'évolue l'offre éducative et pédagogique », expliquent-ils. Il existe, actuellement, en Algérie, plus de 300 lycées techniques et technicums qui ont accumulé une expérience depuis leur création.