Le président du conseil de l'Ordre des médecins, le docteur Bekkat Berkani, appelle à l'organisation des assises nationales de la santé afin de tracer une politique de santé qui sera projetée sur une vingtaine d'années. Il est aussi temps pour lui de revoir certains textes de lois tels que le code de déontologie médicale qui « comporte encore des articles obsolètes ». La séparation des ordres médicaux (des pharmaciens, des médecins et des chirurgiens-dentistes), une ancienne revendication, est l'une des priorités de la corporation. La mise en place d'un code spécifique aux médecins en fonction de l'évolution de la société est, selon le docteur Bekkat, indispensable. Comme il suggère la révision d'autres articles du code de déontologie qui n'ont plus leur raison d'être, a-t-il souligné. Il fait référence à la bioéthique. « Il est temps de légaliser l'avortement thérapeutique suite à un diagnostic anténatal présentant éventuellement des malformations du fœtus », a-t-il suggéré. Toutes ces questions peuvent être débattues lors de ces assises « auxquelles participeront toutes les composantes du système de santé, à savoir les syndicats, l'Ordre des médecins, l'administration et le ministère de la Santé », a-t-il déclaré lors d'un point de presse organisé en marge des 6e rencontres nationales d'éthique et de déontologie médicales organisées jeudi à l'hôtel El Aurassi. Interrogé sur les prérogatives de l'Ordre des médecins dans la pratique médicale au niveau des cliniques privées, le docteur Bekkat s'est contenté de dire : « Nous attendons la mise en œuvre de la nouvelle circulaire portant sur la réorganisation des cliniques privées. En tant que président de l'ordre médical, à ce jour, je n'ai pas été destinataire de cette nouvelle circulaire du 24 septembre. » Une circulaire qui vient à point nommé, selon le docteur Gaceb Mostefa, vice-président du conseil de l'Ordre. Mais elle reste, selon lui, « floue » et « limitée » dans le sens où elle n'a pas spécifié le rôle exact du conseil de l'Ordre des médecins dans la « moralisation » de la profession. « Nous souhaitons une collaboration étroite avec la tutelle pour mettre en œuvre cette circulaire pour justement mettre un terme à l'anarchie qui règne dans certaines cliniques privées. » Le docteur Bekkat a, par ailleurs, souligné la nécessité de sauvegarder le système de santé public et tenter d'inverser la tendance actuelle en estimant que « l'espace public doit être en amont et les cliniques privées en aval » et que « celles-ci ne sont pas l'apanage de la santé en Algérie ». Pour le docteur Bekkat, il existe suffisamment de praticiens et de docents pour restaurer la qualité du service public. « Les malades algériens préfèrent s'adresser directement aux structures privées car elles sont mieux pourvues sur le plan technique. Ils ont moins confiance dans les établissements publics », a-t-il ajouté. Concernant l'activité complémentaire permettant aux médecins du secteur public d'exercer deux après-midi par semaine dans les cliniques privées, le président du conseil de l'Ordre estime que la loi doit être revue ainsi que toute la loi sanitaire. Il est inconcevable de continuer à assister à des détournements de malades des hôpitaux publics vers les cliniques privées.