La solution à cette situation réside dans l'amélioration des prestations du secteur public. Des cas de détournements de malades des hôpitaux vers des cliniques privées ont été rapportés, c'est une réalité, a révélé, jeudi, le président du Conseil de l'ordre des médecins, Bekkat Berkani Mohamed. «Cette situation est inconcevable», considère-t-il lors d'un point de presse animé en marge des 6e rencontres nationales d'éthique et de déontologie médicales. Pour ce praticien, la solution à cette situation réside dans l'amélioration des prestations du secteur public et des conditions de vie des praticiens. Il est impératif de réhabiliter le système de santé public pour lui redonner son aspect de leader, a-t-il estimé. Le Dr Bekkat juge aussi indispensable de réformer pour inverser la tendance actuelle. Pour lui, l'espace public doit être en amont et les cliniques privées en aval et que celles-ci ne sont ´´l'apanage´´ de la santé en Algérie. Le Dr Bekkat souligne encore qu'il existe suffisamment de praticiens et de docents pour restaurer l'ampleur et la qualité du service public. «Or, nous assistons, a-t-il poursuivi, à l'inverse. Les Algériens préfèrent s'adresser directement aux structures privées mieux pourvues sur le plan technique», a-t-il regretté. Il ajoute que la perte de confiance des citoyens dans leur système de santé public, a largement joué en faveur des cliniques privées, qui ont tendance, dit-il, à prendre la place du secteur public. «Les malades ont moins confiance dans les structures publiques et les cliniques ont tendance à abuser de leurs prérogatives», a-t-il encore souligné. C'est ainsi qu'il exhorte ces dernières à «exercer en conformité avec les lois en vigueur». Il a, en outre, estimé impératif la révision de l'activité complémentaire (loi 98) qui permet aux médecins du service public d'exercer deux après-midi dans le service privé. «Il est temps de faire le constat que le temps complémentaire doit être revu et corrigé». Par ailleurs, le président du Conseil de l'ordre des médecins a appelé à la tenue d'assises nationales sur la santé pour mettre en place une politique de santé pour les décennies à venir. «Il est temps de penser à des assises nationales sur la santé pour mettre en place une politique de santé pour les vingt années à venir, avec la participation de toutes les parties concernées (ministère de tutelle, syndicats médicaux...)», a déclaré le Dr Bekkat. Selon lui, ces assises sont nécessaires pour faire évoluer les textes et lever certains verrous qui entravent la bonne pratique de l'exercice médical. Il a, en outre, plaidé pour la révision du Code de déontologie actuel, dont certains articles (100 articles) sont dépassés par l'évolution de la profession et de la société. L'une des priorités qui incombe au Conseil de l'ordre des médecins porte particulièrement sur la séparation des trois professions médicales: médecine, pharmacie et chirurgie-dentaire, a-t-il dit. Il a insisté sur le fait qu'«il faut séparer aussi les ordres des trois professions».