Les dernières élections des conseils régionaux et nationaux de déontologie médicale viennent donner un nouveau souffle à la corporation. Le renouvellement des instances ordinales permettra d'asseoir définitivement la déontologie médicale en Algérie. Ce qui a permis au président de l'Ordre des médecins d'Alger et président du conseil régional de déontologie médicale, Dr Bekkat Berkani, de déclarer, hier au forum d'El Moudjahid, que la priorité aujourd'hui pour cette instance indépendante est de procéder à l'assainissement et à la normalisation de cette noble activité. Pour ce faire, l'invité d'El Moudjahid n'écarte pas l'aide des pouvoirs publics qui sont les garants des lois de la République. « Il est temps de faire appliquer la loi », a déclaré le Dr Bekkat avant de signaler que les décisions des conseils de l'ordre sont exécutoires. Il a souligné que la structure qu'il préside a une série de chantiers sur lesquels un programme de travail est tracé. La section ordinale d'Alger regroupe 6444 médecins, les deux secteurs confondus. La séparation des ordres (médecins, pharmaciens, chirurgiens dentistes) qui sont actuellement regroupés au sein du conseil national de déontologie est une des revendications de l'Ordre des médecins. « La séparation est aujourd'hui nécessaire pour toute la corporation. Mais, il est dangereux de séparer les deux exercices (privé et public) tel que prévu dans le projet de loi sanitaire de 2003. Comme il est aussi souhaitable de revoir la configuration des conseils régionaux pour devenir des conseils de wilayas pour une meilleure organisation », a-t-il indiqué. La révision et l'amélioration du code de déontologie médicale sont aussi souhaitées. Ces changements ne peuvent intervenir qu'à travers la révision des lois réglementaires, telle que la loi sanitaire qui attend toujours d'être examinée. Parmi les chantiers, le conférencier a mis l'accent sur les questions disciplinaires telles que les fautes médicales et le dysfonctionnement dans certains cabinets médicaux privés. « Nous exigerons le respect de la loi en matière de qualifications portées sur les plaques des cabinets et nous demandons aux pouvoirs publics de faire appliquer la loi. Nous lutterons contre toutes les formes de pseudo spécialités non reconnues. Et nous nous attaquerons aux charlatans », a-t-il averti, « mais nous allons œuvrer dans la validation des qualifications et les compétences médicales ». Ce qui permettra de diversifier l'activité médicale, a-t-il précisé. Interrogé sur la position de l'Ordre quant à la médecine traditionnelle, Dr Bekkat a estimé qu'il est intolérable d'y recourir lorsqu'il s'agit de malades chroniques. « Ce n'est pas la panacée », a-t-il expliqué. A propos des fautes médicales, Dr Bekkat a affirmé que 100 affaires ont été traitées durant une dizaine d'années de mandature dont deux dossiers en suspens. Sur cette question, le conférencier a estimé que la justice doit travailler en étroite collaboration avec l'Ordre des médecins. « Les magistrats sont souvent mal informés sur les questions médicales. Ils font confiance aux expertises médicales qui ne sont pas toujours fiables », a-t-il ajouté. Concernant l'activité complémentaire assurée par des médecins du secteur public dans les structures privées, Dr Bekkat a tenu à signaler, de son point de vue, que les médecins doivent faire un choix entre les deux secteurs. « Des règles doivent être établies afin que les praticiens puissent opter pour l'un ou l'autre », a-t-il souligné. Le volet relatif aux médecins en chômage est un réel problème aujourd'hui, selon lui. « 876 médecins sont sans emploi. Il est intolérable que nos collègues médecins restent sans emploi. Il est urgent de réfléchir à une solution et l'Ordre des médecins peut apporter son aide dans ce sens. Devant cet état de fait, il est aussi important de réfléchir à revoir la politique de la formation », a-t-il recommandé. En matière de collaboration avec les ordres des médecins étrangers, Dr Bekkat a annoncé que la Conférence euro-méditerranéenne des ordres médicaux des deux rives de la Méditerranée, dont l'Ordre des médecins algériens est membre, sera organisée le mois de mai prochain à Alger. Par ailleurs, le président de l'Ordre des médecins déplore la non-implication des médecins dans la commission de la nomenclature des actes médicaux installée par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale.