Des consultations d'aide au sevrage tabagique seront ouvertes d'ici au début de l'année 2008. La Société algérienne de pneumologie vient d'élaborer un texte portant les directives aux praticiens spécialistes et généralistes pour la création d'unités pour la consultation, le sevrage tabagique dans les établissements de santé, la formation et tous les aspects liés à la logistique. Un séminaire atelier a été organisé jeudi dernier à l'hôtel El Aurassi au cours duquel ce texte a été validé par les praticiens et à leur tête le président de la Société algérienne de pneumologie, le professeur Nafti. Un module de tabacologie, nous a-t-il confié, sera enseigné pour tous les praticiens intéressés des secteurs public et privé à partir du début de janvier 2008. Un enseignement qui sera assuré en collaboration avec l'Office français de tabagisme OFT et de l'Institut national des sciences et recherches médicales (INSRM). Le secrétaire général de l'OFT, le docteur Kamel Abdennbi, médecin algérien, fera partie de l'équipe encadrante. Selon le professeur Nafti, ce module diplômant et qualifiant permettra aux praticiens du secteur public et privé de prendre en charge les fumeurs algériens, dont le nombre ne cesse d'augmenter. Cette formation sera organisée sur trois périodes d'une durée allant de trois à six mois au profit d'une cinquantaine de praticiens par an. « Nous allons tenter de combler le déficit d'une formation inexistante dans le cursus universitaire. L'aide au sevrage tabagique nécessite une compétence, car il s'agit d'un processus long et compliqué. Une action qui demande un accompagnement du malade par le praticien dans toute sa démarche qui a pour objectif d'arrêter de fumer. Un exploit qui n'est pas toujours facile à accomplir », a-t-il souligné. Cette opération de prévention contre le tabagisme et de prise en charge de patients demande ainsi des fonds importants pour pouvoir toucher de plus en plus de praticiens et de malades. L'initiative est pour le moment soutenue par des laboratoires pharmaceutiques. Un appel aux sponsors est ainsi lancé mais la responsabilité des pouvoirs publics dans la réussite de cette action est totale d'autant que le ministère de la Santé a instruit les responsables des établissements de santé de procéder à la création d'une cinquantaine d'unités de sevrage tabagique à travers le territoire national, mais sans se soucier des mécanismes nécessaires pour le fonctionnement de ces unités. Il ne suffit pas de mettre des appareils pour mesurer le souffle dans les services de pneumologie pour faire de la lutte antitabac. Interrogé sur les sources de financement pour arriver à accomplir cette opération, le professeur Nafti nous explique qu'un appel d'offres sera lancé en attendant « nous comptons sur les sponsors et l'aide de certains laboratoires ». Une telle initiative ne peut qu'avoir un grand engouement de la part des bailleurs de fonds lorsqu'on sait que près de 20 000 personnes meurent chaque année du cancer en Algérie, et les cancers pulmonaires occupent une place importante. Selon les statistiques, la localisation broncho-pulmonaire vient en première position chez l'homme avec un taux de 25 cas pour 100 000 habitants, soit 20% des cancers. Cette tendance risque de connaître une très forte progression si rien n'est fait d'ici aux années à venir. L'OMS prévoit 10 millions de morts dus au tabac par an d'ici à 2030, dont 70% seront enregistrés dans les pays en voie de développement.