En cette période de frémissement de campagne électorale, les partis politiques mobilisent leurs troupes et s'emploient à convaincre l'électorat du bien-fondé de leur programme d'action. Même si le désintérêt, on ne peut plus manifeste chez le petit peuple, l'essentiel, martèlent les représentants des différentes formations, est d'aller aux urnes. D'être présents le jour J pour choisir « son » candidat. Soit. Mais ce qui me turlupine, moi citoyen d'une commune ayant les pieds dans l'eau, ce ne sont pas les promesses des candidats qui, sitôt récitées, sont vite mises au placard. Ce qui me tracasse, ce ne sont pas les orateurs qui m'invitent à leur meeting pour me mener dans le bateau d'une joute électorale, semblable à la précédente. Ce qui me chagrine, ce n'est pas la figure d'un tel ou untel que je vois « collée » sur le panneau. Ce qui me désole, ce n'est pas le geste du galopin qui s'amuse à érafler, triturer, taguer ou déchirer les affiches sur le support en métal… Ce qui me chagrine, ce n'est pas lorsque je peine à faire l'effort pour y croire, en me laissant persuader de la bonne gouvernance du nouvel édile qui aura l'honneur de chapeauter ma commune. Bien que j'aie très envie d'apprendre que les prochains élus abhorrent de tremper dans les affaires de foncier ; bien que je rêve de connaître les premiers officiers de communes investis d'une charge dont la priorité n'est pas la cupidité sinon de servir leurs administrés, sans leur ressasser le trompeur leitmotiv « hadha taklîf wala tachrif », il y a toujours cette image qui me hante et me laisse pensif. Cette image qui me nargue, me toise et ne me laisse pas impassible à chaque fois que je la croise à hauteur de mon quartier. Je ne parle pas des affiches placardées de manière anarchique par les militants, un réflexe mécanique rentré dans nos mœurs électorales. Je m'interroge, en revanche, sur cette image non moins significative qui se résume dans un panneau de sensibilisation de sécurité routière sur lequel viennent empiéter des listes de photos de candidats de partis en lice. Une série de portraits qui soustraient à notre regard une photo d'enfant grandeur nature empruntant un passage piéton, avec cette phrase concise et frappante : « Pensez à vos enfants ... » L'enfant, cet homme de demain, dont les « haggara » lui dénient déjà le droit d'exister. Si c'est valable aujourd'hui, comment pourrai-je les croire demain ?