Réalisée, il y a près de 20 ans déjà, cette route longue de 50 km reliant Oum El Bouaghi à Khenchela a la particularité de traverser une immense sebkha dénommée Garaët Etaref. Au moment de sa réalisation, on a considéré cela comme une petite prouesse technique à construire près de 15 km d'une voie carrossable tout en remblais, et à une hauteur moyenne de 3 m au-dessus du niveau de cette zone humide ; cela pour éviter l'ancien détour de 70 km par Aïn Beïda, soit un gain de 20 km. Mais avec le temps, cette route montre désormais ses limites à cause des affaissements de la chaussée qui transforment certains tronçons en montagnes russes, et rendent tout aussi dangereux les accotements malgré les arbres plantés sur le bas-côté, en plus du revêtement qui se déchausse. Les poids lourds qui fréquentent cette route augmentent les problèmes à cause du terrain meuble de la sebkha et accroissent de ce fait les risques liés à une circulation des véhicules de plus en plus dense entre les wilayas de Annaba et Guelma au nord vers Khenchela au sud. A ce propos, les carrières d'agrégat situées dans Djebel Etaref, à environ 10 km d'Oum El Bouaghi, pourraient être d'un apport certain dans les travaux de confortement de cette route. Par ailleurs, et au-delà des contingences topographiques, il subsiste l'aspect esthétique d'une nature encore vierge qu'il faut préserver et l'appréciation visuelle tout au long de cette route qui surplombe un paysage lacustre, typique aux Hauts-Plateaux algériens, agrémenté de certaines périodes de l'année, par différentes espèces d'oiseaux migrateurs qui y font leur halte. En continuant le voyage vers Khenchela, l'on pourra se désaltérer au besoin à la fontaine qui jouxte un ancien bagne colonial du nom de Gimote où ne subsiste de l'endroit, jadis isolé, qu'un vague souvenir pour les rares riverains. Quelques encablures encore vers le sud et l'on rejoindra les premières petites exploitations agricoles où la céréaliculture et le maraîchage semblent faire bon ménage, grâce à l'existence de nappes phréatiques peu profondes et alimentées par les contreforts des Aurès tout proches. De nombreux conducteurs ou même des passagers qui empruntent cette route prétendent que ce trajet presque rectiligne leur semble interminable, et que l'absence de relief les rend tristes et somnolents, pendant que d'autres, plus romantiques peut-être, trouvent que ce paysage les repose moralement et les incite à la rêverie... Néanmoins, tous s'accordent à dire qu'ils préféreraient s'abstenir d'y rouler la nuit. Mais si chacun réagit, selon son tempérament, il s'avère qu'il est urgent de réaménager la RN 32 sur un bon tiers de son parcours.