Un mur de séparation effondré. Un téléviseur, des vêtements et une armoire en bois par terre. Dans la cour, des enfants ramassent ce qui reste des affaires de la maison. Des femmes, leur bébé dans les bras, regardent autour d'elles, silencieuses. Tel était le décor d'hier matin à La Pépinière, une petite cité de la ville côtière d'Azeffoun, à 63 km au nord de Tizi Ouzou. En l'espace d'une heure, une cinquantaine de familles se sont retrouvées à la rue, chassées par une pluie diluvienne, qui a transformé toute la région en une zone sinistrée. Les femmes et les enfants de cette vieille cité coloniale ont passé la nuit de lundi à mardi dans la salle des fêtes communale. Les hommes ont veillé jusqu'au matin pour évacuer les eaux qui ont tout emporté avec elles pour le déverser dans la mer. Les vieux essayaient vainement de calmer les jeunes en colère contre l'absence des autorités locales qu'ils accusent de tous les maux. Le centre-ville a été complètement inondé. L'accès au port était coupé par des tonnes de boue et des rochers qui ont été déplacés sur plusieurs dizaines de mètres. Des barques de pêcheurs sont englouties par la mer en furie. Des militaires, des agents de l'APC et de la direction des travaux publics s'affairaient avec leurs engins à dégager la RN24, qui relie Tizi Ouzou à Béjaïa, coupée à la circulation à plusieurs endroits. Des familles de passage ont passé la nuit dans leur voiture, coincées par les éboulements au moment où elles s'apprêtaient à rentrer chez elles. Le centre de formation professionnelle, le siège de la daïra et le centre culturel Tahar Djaout ont été également inondés. A 10 km à l'est d'Azeffoun, des villageois ont abandonné leur maison à minuit. Les eaux en furie ont brisé les réseaux d'assainissement et arraché les conduites d'AEP, laissant ainsi des dizaines de familles sans eau. La pluie n'a pas épargné les sépultures qu'elle a sérieusement endommagées. N'était la solidarité des autres habitants de Laâzib Sahel et de Taânsart, plusieurs familles passeraient une seconde nuit à « la belle étoile ». A Tigzirt, une autre ville côtière, l'on dénombre une demi-douzaine de familles qui ont été secourues par les éléments de la Protection civile. Ces derniers les ont aidées, durant toute la nuit de lundi, à dévier les eaux pluviales loin des habitations. Les routes qui relient la ville à certains villages ont été endommagées par les torrents, à l'exemple de celle de Tifra. La station de dessalement de l'eau de mer et celle d'épuration ont été envahies par la boue. Les écoles ont été fermées. Fort heureusement, aucune perte humaine n'est à déplorer alors que les dégâts matériels sont considérables.