Résumé de la 2e partie S?ur Ph?bée est venue rencontrer le docteur Richard d?Ambrosio pour lui exposer le cas de la petite Laura. Ainsi se passent les années d?enfance de Laura. Sans amélioration notable. Jusqu?à l?âge de douze ans, et jusqu?à la décision de s?ur Ph?bée de confier son dossier avec d?autres à son ancien élève devenu médecin psychiatre. Aujourd?hui, pour la première fois, Richard d?Ambrosio demande à rencontrer Laura. Il est bouleversé. Peut-il quelque chose pour cette enfant martyre et silencieuse ? Il va s?y acharner en tout cas. S?ur Ph?bée lui amène l?enfant. Il faut la soutenir. Laura marche avec difficulté, en s?appuyant contre les murs, courbée, la tête basse, et les bras pendant le long du corps. On l?aide à s?asseoir et immédiatement l?enfant se recroqueville sur elle-même, comme si elle voulait disparaître à la vue du médecin. Elle dissimule son visage derrière une petite main brûlée. Richard d?Ambrosio n?aperçoit qu?une tignasse noire : «Laura ? Bonjour, Laura. Je m?appelle Richard. Veux-tu me regarder ? Montre-moi tes yeux, Laura?» L?enfant ne bouge pas d?un millimètre. Petite boule de terreur silencieuse. Richard écarte sa main sans effort, et découvre un visage curieux, triangulaire, aux traits fins, à la peau presque transparente. Le regard de l?enfant se perd dans le vide. Elle ne regarde pas le médecin, un mur invisible les sépare. Immédiatement le psychiatre décide : «Vous allez me la laisser. Je l?installe chez moi. L?infirmière prendra soin d?elle dans la journée. Je veux pouvoir lui consacrer chaque minute de liberté». S?ur Ph?bée décide de rester elle aussi. Laura la connaît, la transition sera moins dure pour elle. Et puis il y a les nuits de cauchemars, ou de pleurs silencieux. Depuis des années, Laura a pris l?habitude d?être bercée comme un bébé dans les bras des religieuses, c?est le seul contact qu?elle ait jamais accepté. La seule communication entre cette enfant muette et un autre individu. Courageusement, le psychiatre entame son travail. Il a décidé de parler à Laura. De lui parler tout le temps. Il décrit tout ce qui les entoure, tout ce qui pourrait l?intéresser, et l?environne d?objets divers. Des jouets de toute sorte bien sûr, mais aussi d?un matériel hétéroclite. Chaque fois que le regard de Laura se pose sur un objet, Richard le lui donne. Il espère une réaction. Mais en réalité, le regard de Laura effleure les choses, sans les voir. Et quand on les lui donne, elle n?y prend pas garde. Des semaines et des semaines d?observations méticuleuses, de monologues interminables, ne donnent rien. Laura ne réagit toujours pas. Richard essaie alors une autre méthode. Il s?installe devant elle avec un paquet de bonbons. Et il mange des bonbons jusqu?à l?éc?urement. Il espère agir sur la gourmandise. Laura ne bronche pas jusqu?au moment où, par mégarde, Richard laisse tomber un bonbon. Et là, il manque de sauter de joie ! L?étincelle a jailli, il en est sûr. Laura a bougé, elle a esquissé le geste de tendre la main. Elle a «regardé», vraiment «regardé» le bonbon, et sa main a «voulu» le prendre. Mais cette première réaction n?a duré qu?une seconde. La main est retombée, le regard s?est à nouveau perdu dans le vide. Pendant des mois encore, Richard d?Ambrosio s?acharne, invente, il est sûr que le cerveau de l?enfant n?est pas atteint. Sûr qu?elle doit réagir à quelque chose, et que le reste suivra. Mais par quel bout démêler cet écheveau de silence ? Dans la rue, Laura a peur de bruit et surtout des autres enfants. Elle s?accroche au médecin, c?est un début, mais qui ne sert à rien. Cela veut dire simplement qu?elle s?est habituée à lui, et n?en a plus peur. C?est tout. Que faire d?autre ? A force de réfléchir, le psychiatre construit une théorie. Selon lui, le choc s?est produit à l?âge de un an et demi, le jour des brûlures. C?est ce jour-là que la souffrance et la peur ont rendu Laura muette et indifférente au monde extérieur. C?est ce jour-là qu?elle s?est repliée définitivement sur elle-même. Or qu?a-t-elle vu ce jour-là ? Un père et une mère qui crient dans une cuisine. C?était ça, son foyer, des personnages qui crient dans une cuisine. L?idée du psychiatre peut paraître folle, mais il y croit. Richard d?Ambrosio se met en quête d?une maison de poupée, avec des meubles et deux personnages en celluloïd. Deux petites poupées. Et il se remet à expliquer, à monologuer tout seul devant Laura : là, il y a la chambre, avec le lit de maman et de papa. Là il y a l?armoire avec les vêtements. Ici c?est la cuisine, avec la table, les chaises et le fourneau. Assis à la table, il y a papa et maman, et Laura. (à suivre...)