Une femme de 62 ans et deux de ses filles ont trouvé la mort, dans leur sommeil, dans la nuit de mardi à mercredi, ensevelies dans les décombres d'une partie d'un haouch qui s'est effondré sur elles à El Hamri. L'immeuble est situé au 26 rue Izidi Mohamed et fait partie des innombrables vieilles bâtisses disséminées dans tous les vieux quartiers d'Oran qui ont enregistré 4 autres effondrements ayant provoqué 3 blessés à Ed-derb et 2 aux Planteurs. L'aînée des filles, célibataires, était âgée de 44 ans. « Elle était diplômée et travaillait à l'APC », devait préciser une voisine. La deuxième victime était âgée de 27 ans. Cet immeuble est partagé entre 5 familles occupant chacune une pièce-cuisine, dira, encore sous le choc, le frère de la mère victime qui occupe lui aussi une aile de ce même haouch. « La mère s'était inquiétée pour son fils qui a dormi dans une pièce à côté, elle lui a même demandé de les rejoindre, croyant que la partie qu'elle occupait était plus sécurisée, mais le destin en a décidé autrement », confie une autre voisine. Le fils en question, adulte, affecté, n'est pas encore revenu de ses émotions dans la matinée d'hier et où, dans ce quartier, le deuil est accompagné d'indignation et de colère. Une bonne partie des bâtisses laisse infiltrer les eaux jusqu'à l'intérieur des pièces, rendant leur occupation, comme constaté sur place, impossible les jours de pluie. Des émeutes ont éclaté dans la matinée et le périmètre a été bouclé par la police. Des pierres ont été lancées contre les forces de l'ordre. Les autorités se sont rendues sur place pour calmer les esprits. Une cellule de crise aurait été installée par la wilaya et devrait étudier la situation des habitants, notamment le cas de 18 immeubles les plus affectés par les intempéries. « Vous les journalistes vous ne venez photographier qu'une fois que c'est trop tard », lance une femme à notre encontre. Elle n'a pas pu contenir sa colère. « Dites-nous pourquoi la police nous a malmenés alors que nous ne faisons que revendiquer nos droits ? », s'insurge-t-elle. Pour elle : « Oran c'est El Hamri et non pas les Planteurs », allusion faite au programme de relogement des Planteurs dans les nouvelles cités. A propos d'élections, puisqu'on est à la veille du rendez-vous, ceux-là sont plutôt « mal logés » que « mal inscrits » et ils le feront certainement savoir en s'abstenant. La colère touche également les usagers des routes. Hormis les principaux carrefours devenus impraticables depuis le début des intempéries, hier à Maraval, c'est le grand boulevard Mekki Khelifa qui était complètement inondé. « Je me rappelle quand j'étais enfant nous venions chasser les oiseux ici, car il y avait un oued. Aujourd'hui que cette partie a été construite, c'est normal que les flots empruntent le grand axe à double voie », déplore un citoyen qui a travaillé à El Hassi, l'autre plaie d'Oran où chaque hiver les habitants s'attendent au pire.