Démobilisés, les citoyens ont exprimé leur ras-le-bol par un vote-sanction. Le nouveau staff est mis au défi pour concrétiser son plan d'action. Ne dérogeant pas à une habitude qui s'est érigée en tradition, les Sétifiens ont boudé les urnes. Les nouveaux locataires de l'hôtel de ville ont été élus par 28,57% (un des taux les plus faibles du pays), un chiffre très loin de la moyenne de la wilaya, ayant enregistré 42,48% pour les communales et 41,9% pour l'assemblée de wilaya, faut-il le rappeler. La défection d'une très forte partie du corps électoral était attendue. « Je n'ai pas voté, car les élus locaux ne concrétisent jamais les promesses des campagnes électorales », souligne un agent communal, réquisitionné pour l'occasion. « A quoi bon donner sa voix à des partis ayant, à la dernière minute, noué des alliances contre nature avec des dissidents et des parachutés ne possédant, le plus souvent, même pas la carte d'adhésion », témoigne un vieux syndicaliste, qui estime que les électeurs ne sont plus dupes. « Les mauvaises conditions climatiques ne sont pour rien dans ce boycott. La majorité silencieuse désavoue et sanctionne ainsi les élus qui ne se sont pas occupés des affaires de la collectivité, tombée en décrépitude », précise notre interlocuteur, qui déclare ne pas voir le bout du tunnel « avec la nouvelle mosaïque, la cité ne sortira pas de sitôt de l'auberge. Le fait de présenter des sortants, qui ont montré leurs limites, a dissuadé bon nombre d'électeurs qui ne croient plus au père Noël ». Notons que la nouvelle assemblée du chef-lieu, qui tourne avec un budget de plus de 2 milliards de dinars, et qui sera constituée du FLN (14 sièges), HMS (6), RND (4), PT (4) et FNA (3), voit les formations de Louiza Hannoune et de Moussa Touati entrer en scène. Ces deux partis profitent ainsi de la déroute d'El Islah, qui vient de perdre onze sièges. Les élus du HMS, qui gagnent 3 sièges, se présentent désormais comme la deuxième force politique de l'assemblée. Avec 14 sièges, le vieux parti doit, une fois de plus, composer avec ses « amis » de l'alliance présidentielle pour pouvoir gérer les affaires d'une aussi grande cité, en panne et en manque d'imagination depuis cinq longues années. Mohamed Dib, le nouveau maire, qui connaît bien les rouages de l'administration ainsi que les maux de la cité, aura, dans un premier temps, la lourde mission de composer un staff engagé, devant faire l'unanimité auprès de l'opinion publique qui scrute. A cet effet, les tractations de coulisses vont déjà bon train. On se bouscule pour siéger au sein de l'exécutif communal qui donne droit à de nombreux avantages. Il est appelé dans un second temps à concrétiser son ambitieux plan d'action, consigné noir sur blanc, sachant que les paroles s'en vont … et les écrits restent.