La visite de trois jours qu'effectue le président Sarkozy en Algérie à compter de demain revêt plusieurs objectifs. Il voudra dire aux Algériens son soutien le plus total et sa confiance à un pays qui a su résister, seul, dans les années 1990 à la menace des terroristes et qui était le seul à l'époque à avoir ce langage qui était incompris, affirme-t-on dans l'entourage du chef de l'Etat français. « Le président Sarkozy veut signifier sa solidarité à l'Algérie dans ces épreuves », et « on a compris avec l'émergence d'un djihadisme global que c'était une menace et un combat qui nous concernait tous », indique-t-on encore. Le second objectif sera de refonder la relation franco-algérienne autour d'un triptyque : former, investir, échanger. Lors de cette visite sera signée une convention de partenariat unique en son genre, un document qui sera signé non pas par deux ministres des Affaires étrangères mais par deux gouvernements, un document global qui regroupe l'ensemble de la coopération entre les deux pays d'une validité de dix ans. Cette convention représente, du point de vue français, une sorte de « traité d'amitié simplifié ». « L'amitié ne se satisfait pas d'un papier, l'amitié se fait de manière concrète, dans les actes et les actions », ajoute-t-on de même source. Le premier volet de ce « partenariat d'exception » – c'est le maître mot de la relation que Nicolas Sarkozy veut construire avec l'Algérie – est la formation. Le deuxième axe, c'est l'investissement. Avec la présence de plus de 120 chefs d'entreprise qui sont parmi les plus importants du CAC 40, mais aussi de PME dans la délégation qui l'accompagne, Nicolas Sarkozy veut montrer la preuve qu'il a une forte volonté de passer à la vitesse supérieure avec l'Algérie. « Le président Bouteflika a déjà eu l'occasion de dire qu'il souhaitait qu'on l'aide à faire entrer son pays dans le club des pays émergents. La première façon de le faire, pour la France, c'est d'aider les entreprises françaises à participer à l'effort de modernisation de l'Algérie et à y investir. » Lors de cette visite devrait être signé un protocole sur la promotion des investissements. Un certain nombre de contrats devraient également être signés ou annoncés. « Pour l'essentiel, il s'agit d'équipements structurants pour la modernisation de l'Algérie, et ces grands contrats concrétisent le partenariat d'exception voulu entre les deux chefs d'Etat. » « L'énergie sera également un élément structurant de la relation entre les deux pays, le président Sarkozy avait eu l'occasion de dire que le nucléaire civil était essentiel et qu'à ses yeux l'énergie du futur ne doit pas rester l'apanage des seuls pays du Nord et qu'elle doit aussi profiter aux populations du Sud. » Deux milliards d'investissement hors hydrocarbures sont prévus dans les prochains mois. On fait remarquer que les investissements français dépendent aussi du climat des affaires en Algérie et que c'est une responsabilité partagée. Le troisième objectif concerne les échanges. Les échanges entre les deux pays représentent la dimension humaine de ce partenariat d'exception. « Pour un avenir partagé » Des millions de Français ont un lien personnel et charnel avec l'Algérie et de nombreux Algériens connaissent la France, rappelle-t-on, alors que la communauté algérienne en France est de loin la plus importante communauté étrangère présente sur le sol français et qu'« elle joue un rôle particulièrement dynamique » dans les échanges entre les deux pays. Et « le président Sarkozy attache une grande importance à la circulation des personnes entre nos deux rives de la Méditerranée en parallèle avec un renforcement de la lutte contre l'immigration clandestine ». C'est à l'Algérie d'aujourd'hui et de demain que le président Sarkozy veut s'adresser à l'occasion de cette visite. C'est pourquoi, indique-t-on encore, il prononcera mercredi devant les étudiants de l'université Mentouri de Constantine un grand discours adressé à la jeunesse algérienne, c'est-à-dire « à celles et à ceux qui bâtiront l'Algérie des cinquante prochaines années ». Nicolas Sarkozy affirme sa volonté de tourner pour toujours la page la plus douloureuse de l'histoire franco-algérienne, non pas pour l'oublier mais pour bâtir un « avenir partagé ». Il ne s'agit pas pour lui de tourner le dos au passé, loin de là, le président Sarkozy reconnaît le passé, les souffrances de chacun, précise-t-on de même source. ll faudra donc s'attendre à ce que Nicolas Sarkozy dise en Algérie ce qu'il pense du système colonial qui est « un système injuste, mauvais, mais le fait que ce système soit mauvais ne veut pas dire que les gens le sont ». Concernant les propos du ministre des Moudjahidine, « le président Bouteflika a clarifié les choses et a redit que le président Sarkozy était le bienvenu en Algérie. Le président Sarkozy comme il l'a dit, jeudi, aura l'occasion de rappeler quelles sont les convictions de la France mais il a souhaité porter ce message en Algérie », a-t-on encore indiqué. Pour parler de cet « avenir partagé à construire », nos sources font référence à l'exemple franco-allemand, et de rappeler qu'entre la signature du traité de l'Elysée de 1963 entre le général de Gaulle et le président Adenauer et la réconciliation des peuples allemand et français, il s'est écoulé une génération. Nicolas Sarkozy est, par ailleurs, convaincu que « les destins des deux pays sont étroitement liés » et ce sera pour lui l'occasion de parler de l'union méditerranéenne qui est « emblématique de ce futur commun ». Le président Sarkozy se rendra également à Tipaza, sur les traces de Camus. « Cette visite sera un hommage à la beauté de l'Algérie car le site de Tipaza aux confins de la Méditerranée, des collines du Sahel et du mont Chenoua offrent un panorama unique. Cette visite sera également un hommage à la richesse historique et culturelle de l'Algérie car Tipaza, connue pour ses ruines romaines, est considérée comme un des plus beaux sites archéologiques du monde. »