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La France ne veut que nos « compétences »
Publié dans El Watan le 03 - 12 - 2007

La France a-t-elle peur des immigrés ? Peut-être non. Mais elle veut faire sa propre sélection, prendre les meilleurs, les plus intelligents qui répondront à ses besoins économiques.
A l'époque où il était encore ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy invente un nouveau mode migratoire, celui de « l'immigration choisie ». Président de la France, Sarkozy affirme : « L'immigration choisie est celle qui correspond aux besoins de la société et de l'économie française. » En guise d'argumentation, le président français se réfère aux pays dits d'immigration, comme les Etats-Unis, le Canada ou l'Australie qui, selon lui, « sont très sélectifs, et beaucoup plus que la France ». Dans un entretien accordé à l'agence officielle APS, Nicolas Sarkozy estime même que l'immigration choisie peut aussi être une immigration concertée, qui répond à la fois aux besoins des pays d'origine et de destination dans le sens où la « carte compétences et talents » prévoit le retour de son bénéficiaire au bout de trois ans. Il explique, avec un brin de regret, que « cette carte ne s'applique malheureusement pas, pour le moment, aux ressortissants algériens séjournant en France, qui relèvent d'une convention particulière, celle de 1968 ». Nicolas Sarkozy veut ainsi mettre fin à la convention de 1968 qui est, à ses yeux, dépassée. Quant à la question de la circulation des personnes, le président français se félicitant d'avoir mis fin à la consultation préalable Schengen dans les procédures d'attribution des visas, exprime sa pleine conviction de la nécessité d'aller vers plus de facilitation « des échanges humains des deux côtés de la Méditerranée, sans pour autant ignorer l'existence d'une forte pression migratoire, dont témoigne le drame des harraga ». Aussi, le président Sarkozy exprime sa volonté de rendre systématique la délivrance des visas de circulation (qui sont d'une durée d'au moins une année). Comme il affirme avoir donné instruction pour que « l'on traite les demandeurs de visa avec le maximum de respect et d'humanité ». Bien dit ! Mais la réalité est bien plus déplaisante pour qu'elle soit ignorée si facilement. Loin de l'arithmétique des responsables français, la question des visas et de la circulation des personnes pose toujours problème entre les deux pays. Beaucoup plus du côté français que du côté algérien. La raison est simple : il y a plus de demandeurs de visas du côté algérien que du côté français. Encore, le nombre d'Algériens qui ont de la famille, des enfants nés et établis en France, est très important. La France, qui impose le visa aux Algériens depuis 1986 (juste après le crash pétrolier), a presque fermé sa frontière aux prétendants à l'immigration dans les 1990. Autrement dit, les autorités françaises ont depuis 15 ans durci les conditions d'octroi de visas aux Algériens. Sous le motif notamment du terrorisme et de l'immigration clandestine. Ainsi, les conditions du regroupement familial en France sont de plus en plus restrictives. Il est même difficile de dénombrer les Algériens qui n'arrivent pas à obtenir le visa pour rendre visite à leurs enfants ou petits-enfants établis de l'autre côté de la Méditerranée. Il est encore plus difficile de dénombrer les Algériens qui se sont vu refuser l'accès au visa touristique de façon incompréhensible. Certes, les chiffres officiels indiquent que 60% environ des demandes de visa sont satisfaits. Mais la réalité est toute autre et bien plus triste. Chaque année, des milliers de dossiers sont rejetés sans la moindre explication. Il y a eu même des cas de refus de visa pour des malades nécessitant un transfert urgent pour des soins en France. On ne mesure pas, en France, l'humiliation et la frustration qu'engendrent de tels refus, de plus en plus courants en Algérie. Même si l'on dira que la réciprocité n'existe pas, il est clair qu'il y a peu de Français qui demandent le visa pour l'Algérie. Le principe de la libre circulation consacré dans l'accord d'association avec l'Union européenne est bien appliqué aux marchandises, mais non pas aux personnes. Peut-on ainsi espérer construire une union méditerranéenne dans de telles conditions ? Y aura-t-il encore une fois un espace euroméditerranéen consacrant la libre circulation des marchandises sans celle des personnes ? Si c'est le cas, on pourrait dire d'ores et déjà que ce projet d'union méditerranéenne n'est que chimérique.

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