Les sondages le donnent gagnant, mais, lui, préfère attendre l'issue du vote. Nicolas Sarkozy, 52 ans, candidat de la droite républicaine française, ne veut pas croire prématurément à sa victoire. Il dit qu'une campagne électorale se mène jusqu'au bout et réserve bien des surprises. Fils d'immigrés hongrois, Nicolas Sarkozy a réussi à fédérer la droite française en créant l'Union pour la majorité parlementaire (UMP) qui risque bien de le propulser, le 6 mai prochain, au pouvoir. Il a débuté précocement sa campagne électorale. En tant que ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Dominique de Villepin, il a multiplié les visites dans les banlieues. De la Courneuve à Clichy-sous-Bois, d'Argenteuil à Bobigny en faisant un détour dans les quartiers chauds de Perpignan (sud de la France), M. Sarkozy a beaucoup joué sur la peur des Français pour capter leurs voix. Elu président, le candidat de la droite promet d'appliquer une politique sécuritaire stricte et sans concessions pour ceux qu'ils qualifient de « racaille ». Il est favorable à la mise en place de centres de rééducation fermés et au conditionnement des allocations familiales au rôle des parents. Sur le plan professionnel, il prône la « discrimination positive », arguant qu'il « faut donner un coup de pouce à ceux qui ne partent pas du bon pied dans la vie avec les mêmes chances que les autres ». Si certaines associations voient cette mesure d'un bon œil, les partis de gauche la qualifient de « populiste et d'électoraliste ». « Pour gagner plus, travailler plus » Pour donner un avenir aux jeunes de la banlieue, il a promis de mettre en place un « plan Marshall », avec à la clé une formation pour chaque jeune. Mais en même temps, M. Sarkozy veut inverser le flux migratoire, en favorisant une immigration « choisie » que « subie » et en demandant à l'Europe, notamment à l'Espagne de prendre des mesures draconiennes pour lutter contre l'arrivée massive des clandestins. Sur le plan économique, Nicolas Sarkozy est partisan d'une économie ultralibérale. Sa devise : « Pour gagner plus, il faut travailler plus ». Aux patrons, il promet d'abroger les 35 heures, en permettant aux employés de faire des heures supplémentaires. Pour rééquilibrer le budget de la France, il dit ne pas vouloir remplacer les postes de fonctionnaires, une fois partis en retraite. Mais ce n'est pas tout, il veut instaurer une franchise sur la sécurité sociale et exercer un contrôle intense et acharné sur les sans-emplois qui bénéficient de prestations sociales. A ceux-là donc, il demandera d'effectuer un travail d'intérêt général et de ne pas refuser une deuxième proposition d'emploi, faute de quoi l'Etat leur supprimera leurs prestations sociales. En ce qui concerne la politique étrangère, Nicolas Sarkozy ne cache pas son admiration à « l'american way of life ». En septembre 2006, lors de sa visite à la Maison-Blanche, il n'hésite pas à se photographier avec Georges Bush, en déclarant que « mon attachement à la relation avec les Etats-Unis est connu. Il me vaut bien des critiques en France. Mais (…) j'assume cette amitié, j'en suis fier et je la revendique ». Il est allé même jusqu'à critiquer l'opposition de la France à la guerre en Irak avant de se rétracter. A quelques jours du premier tour, M. Sarkozy continue d'être sur tous les fronts, notamment celui des médias où il bat à chaque apparition cathodique des records d'audience. Mais cela suffira-t-il à faire de lui le prochain président de la France ? Rien n'est encore joué au moment où 42% de Français n'ont pas encore choisi leur candidat. Suspense…