Bousculades, clameurs, frénésie... l'animation était particulière en cet après-midi du 10 octobre aux alentours du marché municipal d'El Khemis, dans la ville de Béjaïa. La scène se passe à l'extérieur de l'aire couverte du marché dans un décor de boue et d'insalubrité mais attire la curiosité des passants. Des poissonniers proposent des variétés de poissons à des prix plus bas que jamais. Une aubaine que d'aucuns ont saisi en cette fin du Ramadhan, et tant pis pour la boue. A 50 DA, l'on pouvait s'offrir un kilo de sardines ou de cet autre petit poisson que l'on surnomme bomchita, à 140 DA le kg de saourelle, à 250 DA le calamar... les prix étaient ceux du gros, auxquels l'on s'est abstenu d'ajouter une quelconque marge bénéficiaire, nous dit-on. « C'est pour casser les prix », explique tout de go le directeur de la Chambre de la pêche et de l'aquaculture au niveau de la wilaya de Béjaïa, organisateur de cette opération qui ne devait pas plaire au groupe de poissonniers revendeurs. A deux pas de là, ces derniers se gardaient quand même de montrer leur dépit. Dans cette minipoissonnerie intégrée dans le marché couvert de la commune, les prix sont tout autres comme à l'accoutumés. La sardine s'affiche à 100 DA le kg, idem pour le bomchita. La grosse saourelle à 260 DA, le calamar atteint les 500 DA, le rouget qui se fait rare ne descend pas au-dessous des 400 DA. « Notre initiative répond à la flambée des prix qu'a connue le poisson, particulièrement en ces derniers jours du Ramadhan. Il est nécessaire que nous soyons dotés d'une poissonnerie municipale où le poisson provient directement des producteurs, cela influera à coup sûr sur le prix à la consommation », soutient encore le responsable de la Chambre de la pêche dont l'initiative tient aussi bien d'un appel aux revendeurs pour revoir leur politique des prix que d'une interpellation adressée à toutes les parties concernées par le secteur. « Nous ne pouvons aller au-dessous des prix que nous proposons aujourd'hui, autrement, le producteur ne rentreras pas dans ses frais », explique par ailleurs notre interlocuteur, avant que des agents de police n'interviennent pour intimer l'ordre à tout le monde de vider les lieux pour « défaut d'autorisation ». Une intervention qui entre dans le cadre de la récupération des espaces (trottoirs) squattés par les commerçants, notamment durant le Ramadhan, et qui contrarie ce qu'il y a lieu de prendre comme une démonstration de la bonne volonté des pêcheurs. Alors, la sardine à 60 DA est-ce possible ? Vraisemblablement et en attendant mieux, cela ne reste possible que le temps de ces réactions trop timides, et dont la nature juste symbolique ne suffira sans doute pas à installer de nouvelles mœurs commerciales dans la filière.