Les observateurs n'osent même pas envisager la situation humanitaire à Falloujah, cette ville d'Irak que les forces américaines ont décidé de raser. Le déluge de feu qui s'y est abattu durant onze jours a fait des centaines de tués parmi les combattants irakiens les pertes civiles n'étant même pas évoquées selon les chiffres officiels de l'armée américaine, et les rares témoignages accréditent la thèse d'une catastrophe humanitaire, avec ces cadavres qui jonchent les rues de la ville sans possibilité de les retirer et encore moins de les enterrer. Et même s'il n'est jamais trop tard pour le faire, les équipes de la Croix-Rouge ne peuvent entrer dans Falloujah en l'absence de contact avec les rebelles en lutte contre l'armée américaine dans la ville irakienne, a indiqué hier une porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). La porte-parole a déclaré n'avoir reçu aucune information de l'armée américaine sur la date à laquelle la Croix-Rouge pourrait entrer dans la ville. L'armée américaine cherchait hier matin à éliminer des poches de résistance à Falloujah où, selon un général américain, l'insurrection a été « écrasée », onze jours après le lancement de l'offensive contre la ville située à 50 km à l'ouest de Baghdad. Ces propos contredisent des informations rapportées par le New York Times, qui avait cité jeudi un document secret de l'armée américaine selon lequel la rébellion pourrait rapidement revenir en force dans cette ville située à 50 km à l'ouest de Baghdad. Dans le rapport de sept pages cité par le New York Times, des responsables des services de renseignement des marines mettent en garde contre tout retrait important des troupes américaines une fois l'offensive achevée. Selon eux, la rébellion serait en mesure de reconstituer rapidement ses forces à Falloujah et dans la région, où les attaques pourraient vite gagner en intensité. Au total, 51 soldats américains et huit soldats irakiens ont été tués depuis le 8 novembre. Au moins 425 soldats américains et 43 soldats irakiens ont été blessés, a ajouté le général Sattler. Selon lui, le chiffre selon lequel plus de 1200 « insurgés » ont été tués depuis le début de l'offensive « est probablement correct ». Quelque 1025 hommes ont été arrêtés, a-t-il dit. En revanche, le général a dit ne pas disposer de chiffres sur le nombre de civils tués lors de l'offensive. Jeudi soir, un officier de police irakien a été abattu à Baâqouba, à 60 km au nord-est de Baghdad, selon une source hospitalière, ce qui porte à au moins 19 le nombre de personnes tuées jeudi dans des violences en Irak, en dehors de Falloujah. A Mossoul (370 km au nord de Baghdad), des commandos irakiens, appuyés par des soldats américains, s'apprêtaient hier matin à donner l'assaut contre les positions des rebelles dans la ville. Quelque 1600 membres des forces de sécurité irakiennes et 1200 soldats américains sont déployés dans la ville depuis mardi pour rétablir l'ordre après la série d'attaques rebelles lancées la semaine précédente contre des postes de police et des bâtiments officiels. Mais tout compte fait, une telle énumération permet paradoxalement de relever que c'est la résistance qui monte en intensité et non l'inverse. Elle a réussi à entraîner la plus puissante armée dans une guerre qu'elle ne maîtrise guère, car non conventionnelle. Elle l'oblige ensuite à s'éloigner de certaines de ses bases et de ses points d'appui et de logistique et à rendre plus vulnérables des sites qu'elle croyait avoir sécurisés. Et avec tout cela, l'on parle d'élections ! Mais qui a réellement intérêt à ce qu'elles se tiennent ?